Grâce à un don sud-coréen de cinq millions de dollars, un système électronique de gestion des plaintes et de dénonciation des cas de corruption sera opérationnel début 2018. Bénéficiant de l'expérience coréenne en matière de lutte contre la corruption et notamment dans le domaine de participation citoyenne, le ministère de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption est en passe de développer la plateforme électronique «e-people». En effet, et dans le cadre de la coopération tuniso-coréenne, l'Agence coréenne de coopération internationale (Koica) va financer à hauteur de cinq millions de dollars, en guise de don, un projet d'implémentation d'une plateforme «e-people», qui sera dédiée à la réception et à la gestion des requêtes et des dénonciations des cas de corruption. C'est ce qu'a annoncé à La Presse Mme Jeehyun Yoon, Représentante résidente de la Koica en Tunisie qui vient de présenter avec les deux experts en chef de cette mission sud-coréenne les résultats de la première phase de consultation. Le directeur général de l'unité de l'administration électronique au ministère de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Khaled Sallemi, a précisé que le don coréen sera dédié à l'acquisition de matériel informatique, les logiciels et à l'implémentation du système «e-people». «La Koica a recruté deux sociétés pour développer l'ingénierie du système dont toutes les procédures qui concernent le système de plaintes et aussi le système d'information. Cela est une première phase qui a été réalisée pendant six mois par l'équipe de vingt personnes recrutées par la Koica avec nous, et ce, en étroite collaboration avec le bureau central des relations avec le citoyen. Et on a développé ainsi le modèle de ce système qui englobe tous les détails. Ce n'est pas seulement la vision car, pour eux, la première phase d'ingénierie est très importante pour la suite du développement du projet. Nous avons exigé que la plateforme soit en open source pour qu'elle soit ouverte. Aussi, nous avons exigé qu'une entreprise tunisienne contribue à ce système, et ce, lors de la deuxième phase, celle du développement de la plateforme. Ainsi va-t-elle assurer le suivi du système lors de son exploitation», a expliqué Sallemi. La première phase du projet, consistant en des consultations autour des orientations et des choix technologiques du système, vient de prendre fin, et ce, avec l'apport d'une équipe de vingt experts sud-coréens en informatique et en réingénierie des systèmes d'information. Le chef du projet pour la Koica, M. Kim Heongkyum, qui a dirigé l'équipe d'experts menant les consultations, a présenté le rapport final du plan directeur du système «e-people» en Tunisie. Il affirme que l'avancement du projet se fait avec beaucoup de succès au vu de la motivation des parties tunisiennes concernées dont ledit ministère et notamment le Bureau central des relations avec le citoyen (Bcrc), ainsi que l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc) et l'Unité de l'administration électronique (UAE). Dix sites pilotes D'après M. Kim Heongkyum, actuellement chaque ministère utilise son propre programme et il n'y a pas de système centralisé. «Le but de ce projet est d'installer un système informatique centralisé grâce auquel toutes les bases de données et serveurs pourront ainsi être gérés de manière centralisée. Ce sera une sorte de Guichet unique», a-t-il expliqué. Selon M. Lee Seungyong, chef de l'équipe de la planification du système d'information, le travail, lors de la première phase, s'est fait avec une bonne collaboration des sites pilotes estimant que, pour la deuxième phase, il sera mené avec beaucoup de succès vu la volonté des responsables tunisiens et leur motivation. Il a de même précisé que le but n'est pas de copier ce qui a été fait en Corée mais de l'adapter au contexte tunisien avec ses spécificités entre autres juridiques. Les dix sites pilotes qui ont été choisis pour le lancement de ce projet «e-people» sont le BCRC, l'Inlucc, le BRC du ministère des Affaires sociales, le BRC du ministère des Affaires étrangères, le BRC du ministère de la Santé, le BRC de la Direction générale des prisons et de rééducation (ministère de la Justice), le BRC de la Steg, le BRC de la Cnam, la municipalité de Radès et le gouvernorat de Sidi Bouzid. D'après Mme Faïza Limam, directrice générale et chef du Bcrc, la prochaine étape comporte trois volets importants relatifs au système «e-people». Le premier volet concerne la gestion du développement du système. En effet, c'est la partie sud-coréenne qui procédera à la sélection de la société qui sera responsable de la mise en place du système. Le deuxième volet est relatif au renforcement des compétences. Le troisième et dernier volet est relatif à la promotion du système et à la sensibilisation quant à son utilisation. Mme Limam a indiqué que le grand apport de ce système est qu'il y aura une base commune d'information. Elle a précisé qu'un plan de communication intégré dans le projet sera dédié à la sensibilisation du citoyen et du fonctionnaire pour qu'ils adhèrent à ce travail de lutte contre la corruption. Plusieurs workshops ont été organisés avec l'association de vingt Brc dans plusieurs secteurs, et ce, pour présenter le projet et motiver les fonctionnaires à y adhérer.