Le coup d'envoi de la 31e édition du Fifak a été donné dimanche dernier au théâtre de plein air de la ville du Cap Bon, avec un docu-fiction qui traite de la condition des réfugiés syriens. «Tout le monde est là ?», c'est la question que se posent les amis et les anciens de la Ftca (Fédération tunisienne des cinéastes amateurs) chaque fois qu'ils débarquent à Kélibia. Car depuis sa création en 1964, cette manifestation est — sans compter les Journées cinématographiques de Carthage — le meilleur espace de rencontres et de retrouvailles que les artistes et les cinéphiles ont jamais connu. La passion du cinéma se transmet d'une génération à l'autre. Et au fil des éditions, la population du Fifak rajeunit. Il y a de plus en plus de jeunes qui désirent apprendre à filmer. Aujourd'hui, la Ftca compte plus de 400 adhérents, œuvrant dans 18 clubs répartis sur tout le territoire tunisien. Ce rendez-vous annuel qui représente la moisson d'une année de travail et de formation attire toujours autant de public habitant la ville de Kélibia ou venant d'ailleurs. De grands noms du cinéma international sont passés par le Fifak. Il y a même des chercheurs étrangers spécialisés en matière de septième art qui se sont inscrits dans la liste des fidèles. Tout est bien, donc, qui commence bien. L'ouverture de la 31e édition, qui se déroule du 7 au 13 août, a eu lieu en présence de Sonia Mbarek, la ministre de la Culture et quelques représentants des autorités de la région. L'affiche et le nouveau générique du festival annoncent la couleur. Il s'agit d'une barque en pleine mer et d'un homme en costume de marin tenant un filet de pêche qui n'est autre que de la pellicule... A travers ces images en dessins animés, le comité directeur du Fifak fait un clin d'œil aux pêcheurs de Kélibia qui prennent des risques au quotidien. Il rend également hommage au musicien poète, feu Zine Safi, originaire de Kélibia et célèbre par sa chanson intitulée «Bahara». Les organisateurs du festival font surtout allusion à ces milliers de réfugiés qui traversent la mer, fuyant la mort et la guerre. Après une allocution de bienvenue prononcée par Aymen Jelili, président de la Ftca, et un discours qui confirme le Fifak dans sa volonté d'édifier une culture nationale et démocratique par la vulgarisation des techniques cinématographiques, le film de l'ouverture a commencé. Il s'agit de «Moon in the Skype» de Ghatfan Ghanoum, réalisateur syrien né à Homs, formé à l'académie du cinéma et des arts audiovisuels de Moldavie et vivant actuellement en Finlande. Son film, du genre docu-fiction, parle des réfugiés syriens sur leur chemin vers l'Europe et de la manière dont ils sont traités par la police des frontières. Les témoignages révèlent, en plus de l'horreur de la guerre, cette cruauté humaine qui ne cesse d'étonner et de surprendre. D'ailleurs, on sort du film avec une seule envie : oublier. La journée du lendemain a été réservée au débat autour du film d'ouverture et à une réunion d'information avec les participants et les jurys. Les différents ateliers, «ombres du corps», «histoires de Kélibia», «petites mains» (initiation au cinéma pour les enfants) et «jeu d'acteurs», ont également démarré. Le soir même, l'écran s'est rallumé sur les sections importantes du festival : la compétition nationale et internationale avec 23 pays participants.