«C'est d'abord une très belle nouvelle pour la Tunisie de proposer un film aux Oscars. C'est une procédure longue et complexe et peut-être que, désormais, on pourra proposer un film chaque année». La bonne nouvelle a été annoncée, mercredi dernier, dans un communiqué publié par le Centre national du cinéma et de l'image (Cnci) : le film tunisien A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid a été sélectionné comme candidat à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère dans la 89e cérémonie des Oscars qui aura lieu à Los Angeles le 26 février 2017. «L'Oscar du meilleur film en langue étrangère sera l'une des récompenses les plus prestigieuses et les plus convoitées. Tous les pays ont été invités à déposer le film représentant le mieux leur cinématographie, selon le processus évolutif et les critères définis par l'Académie des Oscars», lit-on dans ce communiqué. Le film a été sélectionné, pour représenter la Tunisie (un pays ne peut soumettre qu'un seul film chaque année), par une commission organisée sous l'égide du Cnci et composée de sept personnalités. Il s'agit de Fathi Kharrat, directeur général du Cnci, Brahim Ltaïef, directeur des JCC, Naceur Khemir, producteur et réalisateur, Férid Boughedir, critique et réalisateur, Dorra Bouchoucha, productrice, et les deux réalisateurs Fares Naânaâ, réalisateur, et Mohamed Ben Attia. Le comité a validé l'Académie des Oscars, la commission s'est, ainsi, réunie au siège du Cnci et a décidé de désigner le film A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid pour représenter la Tunisie aux prochains Oscars. «Ce film d'initiative tunisienne produit en 2015 répond à tous les critères d'éligibilité tels que mentionnés dans le règlement de participation publié par l'Académie des Oscars», nous apprend encore le communiqué. Produit en 2015, bien accueilli par la critique et auréolé de récompenses dans les festivals internationaux : à la Mostra de Venise (le Prix du public et le Label Europa cinéma du meilleur film européen), au Festival du film francophone de Namur (le Prix de la meilleure première œuvre de fiction), aux Journées cinématographiques de Carthage (Tanit de Bronze en 2015) et au Dubaï International Film Festival (le Muhr d'or du meilleur film), A peine j'ouvre mes yeux est le premier long métrage de Leyla Bouzid. Le film tire sa force, entre autres, de son casting avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari, Aymen Omrani, Lassaad Jamoussi, Deena Abdelwahed, Youssef Soltana, Marwen Soltana et Najoua Mathlouthi. Le synopsis, plein de promesses qui n'ont pas déçu à l'écran, nous renvoie en 2010, dans un Tunis qui se prépare aux bouleversements du 14 janvier 2011. Farah (campée par Baya Medhaffar) vient d'obtenir une mention au baccalauréat, elle vit seule avec sa mère. Celle-ci voudrait qu'elle devienne médecin, mais la jeune fille ne rêve que de musique. Avec son groupe de rock, elle prend des risques en chantant des paroles qui dressent un portrait peu flatteur des dirigeants du pays. Elle est un peu insouciante quand elle se produit, avec ses amis, dans un bar rempli d'hommes. Sa mère craint pour sa sécurité et la rappelle à l'ordre. Mais Farah est une rebelle. Un jour, Borhène, son petit ami, arrive en retard à une répétition. La veille, il a été arrêté et brutalisé par la police... «C'est d'abord une très belle nouvelle pour la Tunisie de proposer un film aux Oscars. C'est une procédure longue et complexe et peut-être que, désormais, on pourra proposer un film chaque année», nous confie Leyla Bouzid et d'ajouter : «Je suis bien sûr fière que ce soit A peine j'ouvre les yeux qui joue ce rôle. J'ai une pensée pour l'ensemble de l'équipe qui s'est investi dans ce film, tous les jeunes qui y ont participé devant et derrière la caméra. La route est encore longue et semée d'embûches, mais c'est un grand pas pour la reconnaissance de notre cinématographie». L'annonce officielle des 5 films qui seront retenus pour la compétition finale est prévue pour le 24 janvier 2017.