Par Jalel Mestiri Dans son émergence ou dans sa décadence, le football reste tributaire des acteurs qui lui donnent sa raison d'être et qui orientent même sa vocation. Ce n'est un secret pour personne: il y a des joueurs qui ont une place prédominante dans leurs équipes et dans le milieu du football d'une façon générale. A quelque niveau que ce soit. Ne croyez surtout pas que seuls les entraîneurs ont un impact sur l'équipe et dans la gestion du groupe. Que seule leur parole est écoutée, leurs consignes respectées. La personnalité, la force de caractère demeurent des éléments prépondérants dans le panorama du football. Même si on ne cessera pas de dire que nul n'est indispensable et que tous les joueurs se valent. Dans son émergence ou dans sa décadence, le football reste tributaire des acteurs qui lui donnent sa raison d'être et qui orientent même sa vocation. Certains ne se contentent pas d'agir sur sa pratique. Ils l'ont même emporté sur toutes les autres considérations. Un joueur cadre, c'est tout d'abord un entraîneur bis. Bien des joueurs sont passés par là. Que ce soit sur le terrain ou dans les vestiaires, leur parole, leur prise de position deviennent des fois plus importantes que les discours et les méthodes des entraîneurs. Il y en a même qui interviennent dans la tactique et les options de jeu. Ils ne le font pas seulement sur le tableau noir, ou dans les vestiaires, mais aussi sur le terrain et en plein dans le jeu... N'est pas cependant joueur-cadre qui veut. Ce statut qui se mérite plus qu'il ne se revendique n'est pas donné à tous. Ce n'est pas seulement dans les contextes les plus favorables qu'il se fait entendre. Mais c'est aussi dans les moments difficiles qu'il marque souvent sa présence. La plupart des joueurs qu'on a pris communément l'habitude de qualifier comme étant des cadres au sein de leurs équipes respectives passées ont dû généralement faire face à tous les aléas du football. Ils ont connu les contraintes qu'on ne saurait imaginer. Cela ne les a cependant jamais empêchés d'évoluer avec la passion et l'attachement les plus significatifs. Mais également avec la rigueur et l'obligation du résultat. Ce n'est pas toujours facile, mais le défi mérite chaque fois d'être relevé. Un club aurait incontestablement toujours besoin de moyens et de ressources pour survivre. Mais il aurait également besoin de noms et de joueurs qui sortent de l'ordinaire. L'image d'une grande équipe dépend beaucoup trop et presque uniquement de ses joueurs-cadres et de leur comportement. Une façon de reconnaître aussi l'excès que se permettent des fois ceux qui s'érigent en décideurs et qui dépasse la nature de leur vocation. Et là, l'on ne peut s'empêcher d'évoquer l'état d'esprit qui risque d'affecter la vie collective, l'incapacité de certains à se fondre dans le cadre défini du groupe et à en accepter les règles. L'autre vision du football A peu près mot par mot, nous entendons le même discours, la même démagogie, le même populisme au sujet des contraintes et des obligations des équipes. Mais jamais, ou presque, un débat d'idées, les questions de fond, le sens de la bonne formule. Ce n'était malheureusement pas une surprise. C'est tout le football tunisien ou presque qui est entraîné dans une spirale à multiples facettes: sportive, morale, éthique, humaine. Il est indispensable aujourd'hui de faire la part des choses et tirer les enseignements de beaucoup de dérives liées à des joueurs qui se voient plus grands et plus fédérateurs qu'ils ne le sont vraiment. Une bonne équipe ne peut être laissée au pouvoir de quelques joueurs et d'une seule vision. ll y a certainement beaucoup de leçons à tirer du football tunisien. Des hommes qui en ont fait certainement l'histoire, mais aussi de ceux qui ont précipité, en se rendant compte ou non, sa décadence On ne saurait ignorer les raisons qui ont provoqué la chute vertigineuse de certaines équipes. On ne saurait non plus passer sous silence le mauvais usage des notions sportives et du sens de la responsabilité. Une équipe peut passer par des moments difficiles, se sentir menacée, subir les aléas du football, mais point trahie par ses propres joueurs.