Au risque de surprendre ceux qui tiennent au respect de la hiérarchie, la Coupe du monde n'est pas seulement l'apanage des grands. Les petits ont aussi leur mot à dire. Et spécialement dans cette édition africaine, sommes-nous tentés d'affirmer… Où en est le football que l'on ne cesse de proclamer et de revendiquer face aux exigences mondiales? Pour bien en prendre la mesure, il convient de répondre à trois indicateurs : qui serait plus important que l'autre, l'entraîneur ou le joueur? La vocation du jeu a-t-elle vraiment pris le bon sens ? Enfin l'épreuve de la Coupe du monde serait-elle devenue plus dure à cause de la pression qui ne cesse de monter d'une édition à l'autre? On ne sait pas vraiment ce qu'il convient d'imaginer pour certaines équipes dans les épreuves de haut niveau. A défaut de trouver les formules adéquates ou les hommes capables de s'y adapter, le Cameroun ne manque pas de laisser entrevoir à chaque fois une certaine incapacité dans l'affirmation des principes de jeu, de certaines valeurs. Au haut niveau, il faut certainement l'aptitude, c'est-à-dire la qualité, le talent, mais aussi l'attitude. Les équipes du Cameroun et du Nigeria en disposent certainement et ce n'est pas aujourd'hui et suite à leurs débâcles lors des deux premiers matches du premier tour que tout doit être remis en cause. Ces équipes-là sont ce qu'elles sont, mais elles ne parviennent pas toujours à devenir ce qu'elles doivent être réellement. Dans l'absolu et sur le papier, elles ont tout. Dans la réalité et sur le terrain, elles n'ont plus rien ou presque. Ici et là, on peut certainement retenir des motifs de satisfaction. Mais beaucoup de défaillances qu'elles n'arrivent pas à combler depuis le temps qu'elles avaient à proclamer un nouvel ordre footballistique mondial. A quelques rares exceptions, les meilleurs joueurs, ceux en qui on croit se font une raison d'être plus dans les clubs qu'en sélections. Et ce n'est pas aujourd'hui, ni encore demain que la tendance risque de s'inverser. L'évolution des équipes africaines reste toujours tributaire des échéances qu'elles sont censées disputer sans jamais prendre conscience de la nécessité des stratégies et du travail à long terme. Il n'est pas question ici d'instruire le procès généralisé de ces équipes qui ne le méritent pas et qui ont réalisé d'indiscutables progrès au fil des années. Un peu partout, des équipes cherchent assurément à déployer un jeu attractif et moderniste. Mais nous souscrivons également à des remarques fondées sur une observation objective de la réalité. Elles s'inscrivent malheureusement dans une histoire ancienne et une réflexion éternellement renouvelée : il reste constamment sous-jacent, chez la plupart des équipes, la tentation de négliger la vraie respiration du football, que ce soit sur le plan tactique, sur le plan individuel ou sur le plan mental. Dans les moments décisifs, les footballeurs africains oublient trop fréquemment comment monter plus haut. Et s'ils y parviennent, l'effort pour s'y maintenir leur coûte souvent trop. Ils craquent trop facilement. Ils donnent ainsi l'idée d'avoir acquis la fermeté du jeu, mais pas du système. C'est pourquoi, ils ont et ils auront encore davantage de chemin à accomplir qu'on ne pouvait le supposer. La réussite des adaptation est la réussite des idées... Ce chemin-là, d'autres joueurs et d'autres équipes ont réussi à le découvrir, à s'y frayer un parcours de combattants et de créateurs. L'audace, la rigueur, autant de qualités que l'on utilise aujourd'hui pour faire la différence.Il y a autant d'athlètes que de purs footballeurs. On restera toujours convaincu que le talent est là, que les génies existent toujours. Une épreuve comme la Coupe du monde est le meilleur registre pour qu'ils s'expriment librement. Résultat : les favoris habituels risquent de voir leur autorité affaiblie, surtout devant des adversaires qui donnent de plus en plus l'impression de pouvoir vaincre leurs complexes. Le rendez-vous de la Coupe du monde a toujours été et il le restera toujours un «entraîneur», un «passeur» de génie, mais aussi des contextes, des situations favorables et de grandes surprises. Pas étonnant que des équipes comme le Brésil, l'Italie, l'Allemagne, mais aussi la Hollande, l'Espagne, et aussi tant d'autres révélations, à l'instar de la Serbie, du Danemark en soient là car dans une certaine mesure la réussite dans une pareille épreuve, ne nous y trompons pas, c'est aussi la réussite des idées, d'un mode de fonctionnement et de responsabilisation adéquats. Il est, cependant, convenu que ces équipes-là, avec leur force et leur faiblesse, leur sens de l'épanouissement et leur degré de frustration restent capables de tout. Du meilleur comme du pire. Et s'il leur arrive de ne pas se faire intimider par le nom de leurs adversaires, si elles se font raison sur le terrain. Elles risquent toujours de lâcher à tout moment ! Au risque de surprendre ceux qui tiennent au respect de la hiérarchie, la Coupe du monde n'est pas seulement l'apanage des grands. Les petits ont aussi leur mot à dire. Et spécialement dans cette édition africaine, sommes-nous tentés d'affirmer...