L'entraineur des gardiens du champion en titre met en relief la teneur mentale du travail du coach des « keepers » et son rôle stratégique de confident... Fort de ses six ans d'expérience au sein de la direction technique nationale avec les sélections des cadettes, juniors et Olympiques, c'est un technicien d'une remarquable pertinence et d'une grande maîtrise des ficelles cognitives, techniques et surtout mentales de son métier, qu'on a retrouvé pour nous livrer sa propre conception de cette vocation d'entraîneur des gardiens et du rôle désormais prépondérant que joue ce dernier dans l'encadrement des gardiens. Il faut rappeler que Mohamed Sfaxi est en train de chapeauter le gardien n°1 du pays, à savoir Aymen Balbouli, pour mesurer la délicatesse de sa mission. « Tout d'abord,je dois mettre en exergue l'apport indéniable de la direction technique de la FTF dans la programmation systématique de cycles et séminaires de formation et de recyclage pour les entraîneurs des gardiens, sous la férule d'instructeurs de renommée. Une orientation dictée par le rôle délicat et ingrat que joue le gardien de but dans un monde de football moderne aux enjeux financiers et sportifs considérables, d'où la sensibilité et l'importance du travail accompli avec ces derniers. Une mission axée sur trois piliers :technique,physique et surtout mental. Ce dernier volet requiert une importance capitale puisqu'il est la vraie locomotive à laquelle sont rattachés les autres vecteurs de performance. En fait, le gardien de but est un homme pratiquement seul sur le terrain, assez loin de ses coéquipiers, il ne peut même pas aller jubiler avec ses camarades quand ils marquent un but. Par contre, il a tout le monde sur le dos lorsqu'il encaisse des buts. D'où un sentiment de frustration, mais aussi d'un énorme sens de la responsabilité qui lui impose une dose plus importante de force de caractère et de patience que ses coéquipiers joueurs de champ. Ce constat renvoie inévitablement à l'importance de l'approche psychologique dans le travail avec les gardiens de but, d'autant plus que ces derniers ne fournissent pas la même intensité d'efforts que leurs coéquipiers, ils ne courent pas beaucoup, mais plutôt ils marchent, ce qui les oblige à faire preuve de vigilance extrême pour faire face aux situations inattendues. Pour réussir sa mission avec un gardien de but et développer par conséquent les différentes facettes de sa compétence, l'entraîneur des gardiens de but va devoir jouer le rôle de confident, d'homme de confiance même dans la vie privée. C'est une complicité qui se crée entre le portier et son coach qui pourrait être amené à moduler son travail en fonction des prédispositions mentales et psychologiques de son protégé. Ce volet relationnel à connotation « intime » entre le gardien et son mentor,est justement mis en relief dans le travail « en aparté » réalisé au cours des entraînements quotidiens, d'où la création d'un groupe au sein du groupe et l'ancrage en permanence de la notion de solidarité dans le cercle restreint des gardiens et leur coach. Sur le plan technique, ce dernier met en place deux sortes d'approches, collective et individuelle :la première ayant trait au rappel des fondamentaux du métier, la seconde réside dans un travail à la carte et personnalisé pour développer les points forts de chacun, mais aussi pour pallier les faiblesses de chaque gardien. De plus, un entraîneur des gardiens doit épouser dans ses méthodes de travail la philosophie de jeu du head coach. A titre d'exemple, à l'Etoile on joue haut devant, donc notre gardien de but doit être habile balle au pied comme le fait Balbouli, d'ailleurs, pour jouer carrément en tant qu'arrière central de couverture. En bref,l'entraîneur des gardiens joue de nos jours un rôle très important dans la stratégie du jeu globale de l'équipe et doit privilégier en permanence le travail mental et la complicité auprès des gardiens de but à sa charge ».