Les participants à une réunion tenue récemment à Sfax expriment leur désarroi face à la passivité des gouvernements successifs qui se sont engagés pourtant à arrêter les activités de la Siape. Plusieurs composantes de la société civile à Sfax tiennent à ce que la Siape, considérée comme une source de pollution dans la région, soit définitivement fermée. Le système de production doit être arrêté, selon les participants à une réunion tenue, récemment, pour traiter du devenir de cette unité de production. Le Groupe chimique tunisien a été appelé à garantir les droits des travailleurs après la fermeture de la Siape et ne pas les impliquer dans des problèmes auxquels ils n'ont rien à voir. Les travailleurs doivent bénéficier de la compensation ou être mutés pour exercer dans d'autres unités relevant du Groupe en question. Par ailleurs, les participants expriment leur désarroi face à la passivité des gouvernements consécutifs qui se sont engagés pourtant d'arrêter les activités de la Siape. A noter que la première décision relative à ce dossier a été prise en 2008 quand les autorités publiques avaient recommandé l'élaboration d'un plan social garantissant les droits des travailleurs. Depuis ce temps, rien de concret n'a été fait et les habitants attendent encore avec impatience la mise hors d'état de fonctionnement de cette unité dont les fumées nocives sont nuisibles pour la santé. Trouver une solution radicale Certaines personnes proposent le déplacement de cette unité dans une zone isolée, loin des habitants pour éviter tout problème de santé et poursuivre son activité, alors que d'autres proposent d'utiliser des procédés propres et des équipements de filtration d'air pour diminuer un tant soit peu la pollution. La dépollution doit concerner aussi les rejets liquides qui sont à l'origine de la pollution de la mer et du milieu réceptif par des déchets chimiques. En tout cas, les composantes de la société civile attendent impatiemment la fermeture de la Siape pour qu'il soit possible d'éliminer la pollution à la côte sud de la ville de Sfax qui est considérée comme le portail principal à tout projet de développement. En outre, la lutte contre cette pollution relève du droit constitutionnel de tout citoyen de bénéficier d'un environnement sain où il fait bon vivre. Les participants soulignent qu'il est de leur droit d'identifier les priorités de développement dans la région et de prévoir les projets socioéconomiques de nature à stimuler les activités et à offrir aux citoyens des prestations de qualité. La région de Sfax est connue par le nombre important de ses entreprises et de ses unités de production dans divers domaines dont celui de l'industrie agroalimentaire. Plusieurs familles travaillent dans ces entreprises dont certaines constituent une véritable source de pollution suite aux rejets de déchets solides et liquides. A ce niveau, aussi, des solutions de dépollution doivent être trouvées pour assainir la région et préserver son aspect attractif. Les participants se disent prêts à défendre leurs droits par tous les moyens légitimes et juridiques disponibles pour que la région de Sfax puisse bénéficier de sa part dans la richesse nationale et le développement durable. Parmi les participants à ladite réunion, on peut citer les représentants de l'Union régionale de l'industrie et du commerce, le Centre des jeunes dirigeants, l'Union des petites et moyennes entreprises, la Confédération des entreprises citoyennes de Sfax, l'Institut arabe des chefs d'entreprises, la Chambre de commerce et d'industrie de la région, l'Association de la Foire internationale de Sfax. D'autres associations et structures étaient présentes à la réunion et ont formulé leurs remarques au sujet de la Siape. Mais tous les représentants de la société civile étaient d'accord pour la fermeture de cette unité de production qui a causé tant de dégâts à cette région depuis sa mise en activité. Repères... La Tunisie est productrice du phosphate naturel et des engrais minéraux. Cette activité consiste en l'extraction du phosphate par la Compagnie des Phosphates de Gafsa et la valorisation en divers engrais minéraux par le Groupe Chimique Tunisien. La CPG exploite des carrières à ciel ouvert. La production annuelle est fluctuante compte tenu des grèves et des arrêts de travail constatés de temps à autre dans le bassin minier. Après une longue expérience d'exportation du phosphate brut, la Tunisie s'est orientée vers la transformation et la valorisation de ce minerai par l'implantation d'une industrie locale de production d'acide phosphorique et d'engrais minéraux, et ce, au sein du Groupe Chimique Tunisien. Le GCT compte quatre pôles industriels situés à Sfax et M'dhilla (usines de TSP), Gabès (usines d'acide phosphorique, DAP, DCP et ammonitrate) et Skhira (usine d'acide phosphorique). Le secteur phosphatier occupe une place importante dans l'économie tunisienne, tant au niveau de l'emploi qu'au niveau de la balance commerciale. La place de la Tunisie sur la scène internationale a commencé à dégringoler suite à la diminution de la production.