«Disparition», la nouvelle pièce de Hichem Rostom, se jouera dans les locaux de l'Institut français de Tunisie à partir du 16 décembre. «Ce qui m'a séduit, d'emblée, dans cette œuvre, c'est sa dramaturgie épique presque brechtienne avec l'exposition dialectique et un épilogue tragique». Nous dit Hichem Rostom. «C'est une tragédie contemporaine sur une thématique qui prend à contrepied l'actualité brûlante du dilemme d'une société déchirée entre une identité mal assumée et une modernité mal comprise. "Disparition" interpelle notre conscience sur les luttes fratricides du point de vue d'une mère qui veut, coûte que coûte, protéger ses enfants, parabole d'une Tunisie face à son destin». La pièce "Disparition" est écrite par Naceur Khemir, produite par Bedaa production avec le soutien de l'IFT et du ministère des Affaires culturelles. Un huis clos dans une demeure modeste, espace restreint qui vacille entre ombre et lumière, où un officier de la police politique joue au chat et à la souris avec une mère qui cache dans sa cave ses deux fils recherchés. Bachir, 30 ans, ancien étudiant en histoire et militant marxiste et Mahdi, 20 ans, tombé dans l'extrémisme religieux ; tous les deux sont convaincus de leur choix et sont persuadés de lutter contre la dictature. Une lutte douloureuse qui se fait entre ombre et lumière, entre désespoir et courage, entre haine et passion. Et pendant que le fossé se creuse petit à petit entre les deux frères, la mère symbolisant la Tunisie, est déchirée mais plus que jamais déterminée à protéger ses fils à tout prix, face à un policier machiavélique guettant le moindre faux pas de sa part. Interrogé sur ses choix de mise en scène, Hichem Rostom répondra: «Je n'ai pas choisi la fidélité à la structure réaliste du texte, j'ai opté pour une mise en espace plus que la mise en scène dans une mise en abîme du théâtre politique, didactique et donneur de leçon. La scène est un lieu d'interrogatoire de la réalité, la scénographie abrite l'autopsie d'un drame, et les acteurs sont les interprètes d'un oratorio en huis clos . L'oeuvre est, ici, telle une intrigue policière avec l'étau qui se resserre sur les protagonistes jusqu'au dénouement . C'est un théâtre-laboratoire qui tente de faire exploser les limites de la théâtralité» . "Disparition" est aussi une pièce de théâtre qui emprunte quelque chose au cinéma, comme l'explique son metteur en scène. «J'ai adopté, ici, des références cinématographiques qui tentent de s'approprier l'écriture filmique, comme jadis,le cinéma s'est approprié le théâtre. Je tente l'expérience de voir si cela pourrait donner une écriture théâtrale cinématographiée».