Aujourd'hui, la Tunisie a une stratégie, un plan d'action (2016-2018) et le cadre juridique est en train d'évoluer Bien qu'il s'agisse de l'une des revendications majeures en Tunisie post-révolution, il aura fallu attendre ce vendredi 9 décembre 2016 pour que les parties concernées s'engagent, enfin, dans le cadre d'une charte nationale, en faveur de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. C'est un document qui rejoint le Pacte de Carthage qui a placé la lutte contre la corruption parmi les priorités nationales dans la période à venir et se rapporte à la stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, dont le document final vient d'être remis, hier, au président de la République, après un marathon de consultations, de réflexion et de rapprochement avec des expériences d'autres pays. Les signataires annoncés de cette charte incluent l'Instance de lutte contre la corruption (Inlucc), l'Assemblée des représentants du peuple, la présidence du gouvernement et la société civile, représentée par le syndicat des journalistes. Selon Chawki Tabib, président de l'Inlucc, s'exprimant à l'ouverture d'un Congrès national tenu en célébration de la Journée internationale de lutte contre la corruption, « le train de la lutte contre la corruption vient d'être mis sur les rails. Et il appartient à toutes les parties de le pousser dans la bonne direction ». Selon M. Tabib, « la tenue de ce congrès est considérée comme composante essentielle de la forte volonté politique de lutter contre la corruption et traduit le pacte de Carthage qui place la lutte contre la corruption comme priorité absolue de l'Etat ». Un pas historique La finalisation de la stratégie nationale de lutte contre la corruption et l'engagement des différentes parties dans le cadre d'une charte nationale ont été considérés comme un pas historique. En effet, jusqu'à présent, les indicateurs de la perception de la corruption montrent que le phénomène a été amplifié après le 14 janvier 2011 et que malgré un discours officiel en faveur de la lutte contre la corruption, rien n'a pratiquement changé; bien au contraire, la corruption a augmenté. Ceci, malgré la présence de structures diverses au niveau de l'ARP, du gouvernement et de la société civile. L'Inlucc, elle-même, n'a pu disposer de moyens de fonctionnement qu'en 2016, après la nomination de Chawki Tabib à la tête de cette instance. Mais aujourd'hui, la Tunisie a une stratégie, un plan d'action (2016-2018) et le cadre juridique est en train d'évoluer, qu'il s'agisse de protection des lanceurs d'alertes, du renforcement des capacités institutionnelles et de contraction des marges de manœuvre des fraudeurs, ne serait-ce que par l'élargissement de la base concernée par les déclaration sur le patrimoine. L'on s'attend également à la finalisation du cadre institutionnel permettant la création de l'Instance constitutionnelle de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption qui prendra le relais de l'Inlucc. Cela étant, la lutte contre la corruption n'est pas une fin en soi, elle est considérée comme condition sine qua non pour le développement, la paix et la sécurité. D'ailleurs, tous les regards sont maintenant braqués sur les marchés publics permettant de concrétiser les projets présentés lors de la dernière conférence sur l'investissement et qui ont permis de générer des engagements de 34 milliards de dinars. Suivez le filon...