Mardi, le chef du gouvernement a annoncé la création d'un centre national de renseignements qui exercera sous son autorité directe et imposera la circulation et la fluidité de l'information sécuritaire à temps. Comme il l'a déjà fait pour la brigade anticontrebande Comment éviter à temps les éventuelles défaillances en matière d'échange d'informations sécuritaires, faute de coordination entre les différents centres de collecte des informations opérant déjà sur le terrain et relevant des ministères de la Défense, de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de la Justice et des Finances ? En d'autres termes, que faut-il faire pour qu'une information d'ordre sécuritaire ayant un rapport direct avec le ministère de l'Intérieur par exemple qui est recueillie par un agent de la douane parvienne à temps au ministère de l'Intérieur et faire en sorte qu'elle ne dorme pas dans les tiroirs du chef du poste douanier où elle a été détectée? Et les exemples concernent également les autres ministères appelés à faire parvenir les informations glanées par leurs agents immédiatement aux départements en charge de telle ou telle affaire. Et pour plus de clarté et de transparence, quelle est la meilleure solution à trouver pour que les négligences ou les oublis constatés dans l'affaire de l'assassinat de l'ingénieur Mohamed Zouari et celle du journaliste-agent du Mossad qui s'est comporté en terre conquise au vu et au su de tout le monde, ne se répètent pas à l'avenir ? La créaction du Centre national de renseignements annoncée mardi soir par Youssef Chahed, chef du gouvernement, est bien la réponse à toutes ces questions que tous les Tunisiens se posent depuis l'éclatement de l'affaire Mohamed Zouari. «Il s'agit d'une décision qui tombe à point nommé», confie à La Presse le colonel-major Mokhtar Ben Nasr, président du Centre tunisien des études de sécurité globale. Il précise encore : «Le centre sera placé sous la supervision directe de la présidence du gouvernement et aura pour mission de collecter toutes les informations recueillies par les autres centres relevant de plusieurs ministères, de les dispatcher et de fournir chaque information au ministère qui a un rapport direct avec l'information recueillie. C'est un peu ce qu'on appelle aux USA le centre de fusion des renseignements. L'expérience a été mise en place par les Américains à la suite des attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001 quand on a découvert que les différentes agences américaines de renseignement ne s'échangeaient pas les informations et qu'il existait des rivalités entre elles, plus particulièrement entre la Garde nationale, le FBI et la CIA». A la question de La Presse si le Centre national de renseignement va faire double emploi avec l'Agence des renseignements et de la sécurité, le colonel-major Mokhtar Ben Nasr répond : «L'Agence des renseignements et de la sécurité opère sous les ordres du ministère de la Défense et elle sera appelée à transmettre toutes ses informations au Centre. Donc, il n'y aura ni double emploi ni conflit de compétences dans la mesure où le Centre aura la mission de tout collecter et y exerceront des experts dans toutes les spécialités pour analyser tout et élaborer le plan national de renseignements». Les sociétés de production TV dans le collimateur Le communiqué publié mardi par le département de l'information relevant de la présidence du gouvernement ne se limite pas uniquement à la prochaine création du Centre national de renseignements. Il annonce également la réorganisation des activités des sociétés de production télévisuelle qui produisent des programmes d'information au profit des chaînes étrangères et qui emploient des journalistes et des cameramen tunisiens, le plus souvent jeunes et sans expérience et qu'on recrute généralement pour une durée déterminée. Et quand ces sociétés se sont installées en Tunisie, parfois dans les villes intérieures du pays où les activités qu'elles doivent suivre ou couvrir sont rares, voire inexistantes, plusieurs observateurs et analystes ont tiré la sonnette d'alarme pour révéler que ces sociétés ne sont en réalité que des paravents qu'utilisent les services de renseignements étrangers. Malheureusement, dans la fougue révolutionnaire qui a accompagné l'année 2011 et la profusion des associations de la société civile se disant spécialisées dans l'initiation des Tunisiens à la démocratie, personne n'a prêté attention aux avertissements lancés par ces observateurs et à leurs écrits qu'on relit aujourd'hui pour découvrir qu'ils pronostiquaient que des scénarios analogues à celui de l'assassinat de l'ingénieur Mohamed Zouari étaient possibles. Un exemple de ces avertissements est bien l'article publié le 12 novembre 2011 par Me Badï Jerad, ancien candidat à l'élection présidentielle à l'époque de l'ancien président Ben Ali (sa candidature n'ayant pas été acceptée par le Conseil constitutionnel, faute d'absence de parrainage par 30 députés comme l'exigeait le code électoral avant la révolution). Dans l'article en question, Me Jerad dénonçait le décret 106/2011 paru au Jort en date du 22/10/2011 relatif à l'annulation de la peine que devait subir toute personne ayant commis une agression contre la sécurité extérieure du pays en ayant des rapports avec des agents d'un pays étranger et dont le résultat est l'atteinte à la Tunisie aux plans sécuritaire ou diplomatique.