Youssef Chahed : la Tunisie s'enorgueillit de disposer d'une armée neutre Créée au lendemain de l'Indépendance, l'Académie militaire de Fondouk Jedid fête, aujourd'hui, ses cinquante ans. Fière de son passé, cette institution d'enseignement supérieur multidisciplinaire, située à 30 kilomètres de Tunis, s'engage à tourner la page et épouser son temps post-révolutionnaire. En ce 24 décembre 2016, commandants en exercice, retraités, officiers, élèves-officiers et bon nombre d'hommes des forces armées se sont donné rendez-vous dans l'enceinte de l'Académie, où se sont déroulées les festivités du 50e anniversaire de sa fondation. 9h du matin, le décor de parade est déjà planté, fort marqué par le salut du drapeau, au son de l'hymne national. A son arrivée, le chef du gouvernement, M. Youssef Chahed, accompagné du ministre de la Défense nationale, M. Farhat Horchani, a tenu à saluer les différents bataillons présents, avant de prendre place dans la tribune, aux côtés des haut gradés et d'un aréopage de retraités, dont l'ancien chef d'état-major Rachid Ammar, qui se sont succédé à la tête de cette académie militaire. Son commandant actuel, M. Mohamed Bousnina a, par la suite, donné le coup d'envoi de la cérémonie. Dans son allocution, il a commencé par donner un aperçu historique de ce vivier de la grande muette et des mutations qu'il a connues depuis sa création en 1966. «C'est un acquis qui constitue, pour nous et pour la patrie, une source de fierté et de reconnaissance», se félicite-t-il, soulignant que cette réalisation, intervenue peu après l'Indépendance, a balisé la voie à d'autres établissements de formation militaire. Cette célébration coïncide également avec la sortie de sa 46e promotion d'une génération d'officiers dont l'engagement moral et professionnel se fait citer en exemple. Stratégie de lutte antiterroriste en quatre axes A l'Académie, indique-t-il, la formation dispensée est à double vocation universitaire et militaire. Soit un cursus à deux vitesses : études d'ingénierie et master en sciences militaires. Ce qui permet aux élèves-officiers d'acquérir les compétences nécessaires à la défense de nos frontières et la préservation de la souveraineté de l'Etat. Après la révolution, a-t-il ajouté, de nouveaux défis viennent de se poser, exhortant l'institution militaire de changer de stratégie et d'enjeux, vers plus d'objectifs d'encadrement et technico-opérationnels. « D'ailleurs, des fonds ont été mobilisés, afin d'engager, au cours de 2017, des travaux d'extension de l'académie, avec l'élaboration d'un nouveau programme de formation physico-sportive...», envisage-t-il. De son côté, M. Farhat Horchani, ministre de la Défense nationale, n'a pas manqué de faire valoir l'apport considérable de cette académie dans le renforcement des capacités des forces armées. La vie au sein de l'académie est un vrai crédo et lutte continue, avec abnégation et dévouement à la mère patrie. Face aux sérieuses menaces terroristes qui planent sur la sécurité du pays, le ministre a promis que son département ne va pas lésiner sur les moyens pour venir en aide à cette académie. D'autant plus, enchaîne-t-il, il ne ménagera aucun effort pour soutenir toute l'armée dans sa guerre au terrorisme. Une guerre aussi asymétrique et non traditionnelle soit-elle. Et de poursuivre que l'institution militaire toute entière aura besoin d'appui en équipements et en renseignements. «Car, malgré les succès sécuritaires réalisés, la situation demeure encore instable. A ce niveau, la coopération militaire avec des pays frères et amis semble aussi de mise», admet-il. Et le ministre de conclure que la lutte contre l'hydre terroriste n'exige, plus uniquement, une solution militaro-sécuritaire. L'approche doit être globale touchant d'autres aspects éducatifs et socioculturels. Sur ce plan, le chef du gouvernement d'union nationale, M. Youssef Chahed, a évoqué, dans son allocution, l'importance de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme qui vient d'être mise en place. Cette stratégie, déjà signée par le président de la République, M. Béji Caïd Essebsi, relève-t-il, sera mise en œuvre en quatre axes fondamentaux : la prévention, la protection, la poursuite et la réponse. Il est nécessaire, à l'en croire, de consolider les capacités du ministère de la Défense, afin de pouvoir satisfaire à ses besoins en matière de formation des compétences et d'amélioration des conditions de vie des forces armées. Un projet de livre blanc encore en gestation, susceptible de tracer les politiques défensives et développer les programmes des recherches scientifiques. Cela, estime-t-il, pourrait faire de l'académie militaire de Fondouk Jedid un cas d'école dans la formation de nouvelles générations d'officiers. Après avoir remis des prix aux lauréats des concours militaires, M. Chahed a fait le tour d'une exposition documentaire illustrant l'histoire de l'académie. Puis, il a tenu à annoter le registre d'or de l'académie. La fin de la cérémonie a été marquée par un défilé militaire et une grande parade de démonstration des compétences techniques défensives et de combat des élèves-soldats.