Sondés dans le cadre d'une consultation, les habitants des régions de Béja, Le Kef, Siliana et Jendouba ont évoqué l'absence totale du concept de citoyenneté en l'absence de tribunes de concertations publiques sur les questions locales. Les résultats d'une consultation réalisée par le Centre tunisien des études en sécurité globle (Ctesg), en partenariat avec le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées à Genève (Cdaf), sur les défis de sécurité humaine dans le nord-ouest de la Tunisie, font ressortir que la réalisation de la sécurité dans les gouvernorats de Béja, Le Kef, Siliana et Jendouba, est tributaire du renforcement de la décentralisation, de la participation des citoyens à la gouvernance locale et aussi du développement économique et de la lutte contre la marginalisation et l'exclusion. Parmi les recommandations de cette consultation, dont les résultats ont été présentés récemment, figurent aussi la création de zones de libre échange, la réhabilitation des infrastructures endommagées, la réorganisation des circuits de distribution et la lutte contre la contrebande. Il s'agit aussi de restructurer l'Université du Nord-Ouest, la promotion de la formation professionnelle conformément aux spécificités des régions du nord-ouest, la création d'une faculté de médecine et d'un hôpital universitaire et le recrutement de médecins spécialistes. Les habitants consultés de ces régions ont évoqué l'absence totale du concept de citoyenneté «en l'absence de tribunes de concertations publiques sur les questions locales». Des tribunes qui aideraient à ancrer les principes de citoyenneté et à réduire les pratiques et les politiques favorisant les disparités régionales, estiment les citoyens associés à la consultation du Ctesg et du Cdaf. Ont été associés à cette consultation, des représentants des organisations de la société civile et des droits de l'homme, des syndicats, des autorités locales, des agents des forces de la sécurité intérieure et des médias. Les taux de croissance dans les régions du nord-ouest tunisien ont été parmi les plus faibles à l'échelle nationale, en dépit des richesses et du potentiel agricole, forestier et céréalier de ces gouvernorats. D'après la consultation, ces régions font face à un défi commun, celui de l'instabilité sur le plan sécuritaire et économique. Elles sont toutes exposées au même danger du terrorisme et de la contrebande et souffrent encore de l'absence de marchés économiques, de l'endettement du secteur agricole et de l'augmentation du taux de chômage, en plus de l'analphabétisme. L'absence de la «sécurité globale» est expliquée, selon les citoyens consultés sur cette question, par le retard économique et la faiblesse des services publics et de l'infrastructure, en plus de l'absence de la sécurité sanitaire, sociale et éducative par rapport à d'autres régions du pays. La consultation sur la sécurité humaine dans le nord-ouest s'inscrit dans le cadre d'une coopération, lancée depuis 2014, entre le Ddaf et le Ctesg, qui vise à promouvoir des débats et consultations sur les besoins et les défis de sécurité locale dans les différentes régions de la Tunisie.