Molka Al Moudir, vice-présidente du Syndicat tunisien des propriétaires de pharmacies privées, a alerté ce vendredi 8 août sur une pénurie de médicaments qui sévit en Tunisie depuis plus de dix ans. Elle a en outre dénoncé l'impact du marché parallèle, qui "épuise" le secteur pharmaceutique, dans un contexte marqué par des difficultés financières et un marché en profonde mutation depuis la pandémie de Covid-19. Lors de son passage sur Jawhara FM, Molka Al Moudir a souligné que le volume de médicaments introduits illégalement sur le territoire tunisien est " bien plus important" que celui exporté illégalement. "La profession interdit ces pratiques et applique des sanctions sévères, pouvant aller jusqu'à la fermeture des pharmacies et le retrait des licences", a-t-elle insisté. Elle a également expliqué que ce trafic alimente le recours des Tunisiens à l'achat de médicaments via les réseaux sociaux, en raison d'une pénurie "sévère" dans les pharmacies officielles. Sur le plan financier, Molka Al Moudir a pointé le retard important de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) dans le remboursement des pharmacies privées, dépassant 120 jours. Ce retard pèse lourdement sur les pharmacies, créant une perte de confiance entre pharmaciens et fournisseurs, du fait de l'incapacité à régler les factures. Concernant la rentabilité, elle a rappelé que la marge bénéficiaire brute en pharmacie n'a pas été révisée depuis les années 1990 et reste limitée à 32 %, ce qui accroît la fragilité économique du secteur. Par ailleurs, Molka Al Moudir a appelé la population à la vigilance face aux compléments alimentaires, médicaments et produits cosmétiques vendus sur les réseaux sociaux sans contrôle sanitaire et souvent à des prix excessifs. Elle a indiqué que le syndicat a alerté le ministère de la Santé à ce sujet, mais déplore un retard important dans les législations.