L'agence japonaise de notation Rating and Investment Information (R&I) vient de réviser la perspective de la notation souveraine de la Tunisie (notation de l'émetteur en devises étrangères) de négative à stable, tout en maintenant la note à B-. Selon l'agence, « l'économie tunisienne est en voie de redressement ». Le déficit courant s'est réduit, les réserves de change ont augmenté, et les inquiétudes liées à la liquidité en devises étrangères se sont atténuées, malgré l'absence de perspective claire concernant un soutien financier du Fonds monétaire international (FMI). R&I justifie cette amélioration par la réduction du déficit budgétaire en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), ainsi que par la baisse modérée du ratio de la dette publique. « Le gouvernement s'étant engagé à rétablir sa situation budgétaire », l'agence estime que l'incertitude entourant le remboursement de la dette diminue. « Sur la base de ces facteurs, ainsi que de la stabilité politique maintenue après l'élection présidentielle sans troubles majeurs », R&I a confirmé la note B- et a révisé la perspective à stable. En 2024, le PIB réel a progressé de 1,4 %, porté par la normalisation des conditions météorologiques — qui avaient affecté l'économie l'année précédente — et par une forte demande dans le secteur touristique. R&I estime que la croissance économique annuelle devrait se situer entre 1 % et 2 % en 2025, grâce à la poursuite de cette dynamique. Par ailleurs, l'agence considère que les retombées directes des droits de douane sur les échanges entre la Tunisie et les Etats-Unis resteront limitées, étant donné la faible part des exportations tunisiennes à destination du marché américain. En revanche, elle souligne la nécessité de surveiller les effets indirects liés à l'évolution économique en Europe, principal partenaire commercial du pays. « Si la production agricole et le tourisme continuent leur progression régulière, la croissance du PIB devrait se maintenir entre 1 % et 2 % en 2026 et au-delà », bien que cela dépende également de la demande extérieure et de la stabilité politique interne. Ces dernières années, l'excédent de la balance des services s'est accru, porté par la hausse des recettes touristiques. Parallèlement, la balance des revenus primaires est restée excédentaire, grâce aux transferts des Tunisiens résidant à l'étranger. Ainsi, le déficit courant s'est réduit à 1,7 % du PIB en 2024. À moyen terme, R&I prévoit un déficit courant compris entre 2 % et 3 % du PIB, en lien avec une reprise de la demande intérieure, tirant à la hausse les importations d'énergie, de biens intermédiaires et de consommation. Cependant, la masse salariale des fonctionnaires et les subventions représentant une part importante des dépenses publiques, les marges de manœuvre pour les investissements et les dépenses de soutien aux fondamentaux économiques restent limitées. Pour maîtriser ses finances, le gouvernement a œuvré à garantir les recettes fiscales tout en réduisant certaines dépenses, notamment celles liées aux salaires, permettant de ramener le déficit budgétaire à 6,0 % du PIB en 2024. Dans le budget 2025, l'objectif est de contenir le déficit à 5,5 % du PIB. Compte tenu de la relative stabilité des prix de l'énergie, une hausse des subventions devrait être évitée. R&I estime que l'amélioration du solde budgétaire devrait se poursuivre au cours des deux prochaines années. Il convient de rappeler que le 29 août 2023, R&I avait abaissé la notation souveraine de la Tunisie de B à B-, en maintenant une perspective négative. Cette décision reflétait alors la fragilité budgétaire et extérieure du pays, marquée par un déficit persistant et un endettement public élevé, dans un contexte d'incertitude concernant les efforts d'assainissement budgétaire.