La grève générale des médecins organisée par le collectif ordino-syndical est une première dans l'histoire de la Tunisie, depuis l'indépendance. Les médecins praticiens, universitaires, les internes et les résidents se sont rassemblés devant le siège du gouvernorat de Sousse pour défendre l'honneur du métier et lutter contre la campagne de diffamation et de dénigrement Les médecins de libre pratique, aussi bien à Sousse qu'ailleurs dans toute la Tunisie, sont entrés, eux aussi, en grève générale pour une journée seulement, le mercredi 8 février, en même temps que leurs homologues hospitalo-universitaires. Ces derniers ont entamé une grève ouverte depuis le 6 février jusqu'à la libération du deuxième médecins (réanimateur à Gabès) et la satisfaction de leurs principales revendications, dont l'examen par l'ARP du projet de loi portant sur la responsabilité médicale, l'adoption d'un statut pour les internes et les résidents ainsi que des réformes radicales pour le système de santé et l'amélioration des conditions de travail dans les hôpitaux. Une marche groupant les médecins de libre pratique, les hospitalo-universitaires, les résidents et les internes, organisée depuis le siège du Conseil de l'ordre régional des médecins de Sousse jusqu'au gouvernorat, a également eu lieu hier. Les participants à cette marche ont observé un sit-in devant le gouvernorat et ont remis une motion contenant les revendications du collectif ordino-syndical au gouverneur chargé de la transmettre aux instances supérieures concernées. A noter que lors de cette journée de grève générale des médecins, les soins d'urgence dans les secteurs public et privé ont été assurés dans tous les hôpitaux et cliniques privées de Tunisie. Vide juridique Lors du sit-in, La Presse a contacté Dr Souheil Slama, membre de la commission administrative du Syndicat tunisien des médecins libéraux (Stml), qui a indiqué que la grève générale des médecins organisée par le collectif ordino-syndical constitue une première dans l'histoire de la Tunisie, et ce, depuis l'indépendance. Les médecins praticiens, universitaires, les internes et les résidents se sont rassemblés devant le siège du gouvernorat pour défendre l'honneur du métier et lutter contre la campagne de diffamation et de dénigrement. Les médecins appellent les autorités à accélérer les procédures de mise en place du projet de loi spécifique à l'exercice médical aussi bien que la loi relative à l'activité professionnelle des médecins en formation, à savoir les résidents et les internes. Ils appellent aussi à la libération des collègues détenus avant que les expertises et les enquêtes ne soient achevées (la résidente du CHU Farhat-Hached de Sousse a été libérée sous caution). Actuellement, a-t-il poursuivi, il n'existe pas une loi définissant clairement la responsabilité médicale. Devant ce vide juridique et au cours d'un accident médical, le médecin sera jugé selon les lois en vigueur qui ne tiennent pas compte de la spécificité du métier. En effet, dans son exercice, que ce soit au cabinet ou au bloc opératoire, le médecin n'est pas à l'abri d'un accident médical puisque le risque zéro n'existe pas et puisque l'essence même de sa profession consiste à intervenir sur un corps en détresse dans l'intention de traiter et pas de nuire et les résultats peuvent être parfois fatals. Et bien que le médecin soit tenu à une obligation de moyen et pas de résultat, suite à un décès, il peut se trouver en prison avant même l'expertise et l'enquête médicales. Pour que les médecins de Tunisie puissent travailler dans la dignité, il faudra que le ministère de la Santé prenne ses responsabilités envers ce corps de métier, à savoir le dépôt du projet de loi de la responsabilité médicale au sein de l'ARP et l'accélération de la mise en place des réformes de santé en Tunisie. Enfin, les médecins tiennent à respecter l'Etat de droit, la primauté de la loi et l'indépendance de la justice.