Le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, a annoncé mercredi que les études techniques et financières nécessaires à la mise en place de la Cité médicale les Aghlabides à Kairouan sont sur le point d'être finalisées. Ce projet d'envergure, dont le coût est estimé à 3 milliards de dinars, devrait générer environ 200 000 emplois, selon un communiqué du Parlement. Lors d'une séance d'audition de la Commission des finances et du budget consacrée à l'examen de deux projets d'accords de prêt conclus entre la Tunisie et l'Agence française de développement (AFD) pour le financement de programmes de santé, Ferjani a précisé que la Cité médicale sera réalisée conformément à un mémorandum d'entente signé entre la Tunisie et la Chine en février 2025. Ce projet vise à soutenir le développement régional, à renforcer l'investissement dans les zones du centre du pays et à transformer Kairouan en pôle sanitaire et économique intégré. La Cité sera implantée sur un terrain domanial de 553 hectares situé à Menzel Mehiri (gouvernorat de Kairouan). Elle comprendra un complexe hospitalier regroupant 14 pôles de soins, une clinique militaire pluridisciplinaire et plusieurs centres médicaux privés, ainsi qu'un complexe universitaire abritant une académie militaire de médecine, un institut supérieur des sciences médicales, une école nationale d'ingénierie biotechnologique, un centre de simulation et une unité d'évacuation sanitaire aérienne. Le projet inclura également un pôle industriel dédié au secteur de la santé sur 20 hectares, un espace touristique, culturel, récréatif et sportif, ainsi qu'un espace résidentiel de 50 hectares comportant 100 villas de standing et 1 000 appartements. Un espace de services publics de 42 hectares y sera aussi aménagé, comprenant écoles, instituts, banques, établissements administratifs et sécuritaires, selon les données publiées antérieurement par la Présidence de la République. Ferjani a souligné que la Cité médicale les Aghlabides constituera un levier de croissance pour la région du centre et un modèle d'investissement public-privé, financé en partie par des dons et en majorité par des investissements étrangers. Par ailleurs, la Commission des finances et du budget a approuvé deux projets de loi relatifs à la modification d'accords de prêt conclus avec l'AFD. Le premier concerne l'avenant n°1 à l'accord de 2019 portant sur le programme de modernisation des services de santé à Sidi Bouzid, tandis que le second porte sur l'avenant n°2 lié au programme de soutien à la santé électronique. Ces amendements visent notamment à prolonger les délais d'exécution et à réviser certaines conditions financières. Le ministre de la Santé a précisé que ces deux programmes constituent des piliers de la réforme du système de santé, conformément aux orientations de la Présidence de la République. Le premier projet vise la modernisation de l'hôpital régional de Sidi Bouzid, la réhabilitation des structures sanitaires publiques et le renforcement de la gouvernance locale. Le second porte sur la mise en place d'un système national d'information sanitaire destiné à améliorer la qualité des soins et la gestion hospitalière. Concernant le projet de modernisation à Sidi Bouzid, Ferjani a rappelé les retards enregistrés, dus notamment à la complexité des procédures d'appel d'offres, aux nouvelles exigences techniques introduites par les bailleurs de fonds et à l'interruption des activités pendant la pandémie de Covid-19. Le projet prévoit la construction d'un hôpital universitaire à Sidi Bouzid d'une superficie de 40 600 m2 et d'une capacité initiale de 427 lits, extensible à 455 lits. Les études architecturales ont démarré en octobre 2023, le plan final ayant été validé en avril 2024. Les appels d'offres ont été lancés en juillet 2025 et les offres sont actuellement en cours d'évaluation avant transmission au bailleur. S'agissant du programme de santé électronique, le ministre a indiqué que la Tunisie est entrée dans une phase avancée de numérisation des services médicaux, comprenant la télémédecine et l'interconnexion des hôpitaux. Il a souligné la nécessité de garantir la sécurité des données personnelles et de renforcer l'infrastructure numérique grâce au soutien de partenaires financiers et d'opérateurs télécoms. Ferjani a mis en avant l'objectif de bâtir une souveraineté numérique nationale dans les domaines de la santé, de l'intelligence artificielle et de la télémédecine, afin d'assurer l'indépendance technologique du pays. Il a rappelé que la Tunisie est actuellement la seule nation africaine à disposer d'un hôpital entièrement numérique. Le ministre a enfin appelé à une révision du système des marchés publics pour permettre une exécution plus rapide des projets et éviter les blocages bureaucratiques. De leur côté, les députés ont salué les efforts déployés pour renforcer les infrastructures sanitaires à travers des financements extérieurs, tout en rappelant que l'accès à la santé est un droit constitutionnel. Ils ont toutefois dénoncé la fuite des compétences médicales, le manque de personnel dans certaines spécialités, la détérioration des équipements hospitaliers et les fortes disparités régionales entre zones côtières et intérieures. Ils ont appelé le gouvernement à accélérer la réalisation des projets bloqués, à simplifier les procédures administratives, à améliorer la gestion financière et des ressources humaines, et à créer de nouveaux établissements universitaires et hospitaliers dans les régions défavorisées afin de réduire la pression sur les grands pôles hospitaliers et de garantir une égalité d'accès aux soins dans tout le pays. Les parlementaires ont également exhorté le gouvernement à réévaluer les priorités de développement, à stimuler l'investissement productif et à réduire la dépendance excessive aux prêts extérieurs, jugés trop lourds pour les finances publiques.