Journaliste, politologue, réalisateur, Jean-Michel Djian est présent à l'Agora depuis hier et aujourd'hui pour la projection de ses deux documentaires. Pour ce week-end, l'Agora offre, gracieusement au public, deux documentaires signés Jean-Michel Djian, journaliste et politologue qui pose un regard à la fois historique, personnel, intimiste et critique sur la vie politique française. Ses deux documentaires «Elysée, la solitude du pouvoir», qui décrit les vertiges d'une fonction convoitée, mais douloureuse, et «Mitterrand à bout portant», qui raconte les dernières années d'un président malade et fatigué, affrontant avec courage et lucidité les épreuves politiques et personnelles qui l'attendent, sont deux points de vue qui relatent, à travers une caméra, les tourments du pouvoir et les méandres de la vie politique. Dans «Elysée, la solitude du pouvoir», le réalisateur part d'un constat particulier : en faisant de l'Elysée le palais le plus convoité, mais aussi l'un des plus mystérieux de la république, le fondateur de la Ve du nom n'imaginait sûrement pas que ses successeurs y découvriraient l'immense solitude du pouvoir. De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, puis Hollande, chacun d'entre eux a pu mesurer, là, dans cet hôtel particulier du XVIIIe siècle aux allures de bunker, ce que représente le vertige de la fonction, mais au-delà celui de la prise de décision. C'est cette histoire-là, imperceptible et intime, solitaire et silencieuse, qui est ici contée à travers des événements marquants, des témoignages inédits et des archives rares. On y découvrira surtout comment des hommes d'Etat sont capables de se murer secrètement dans la sérénité, la gravité, la tragédie comme la dignité pour épouser leur destin comme celui de la France. «Ce film qui est une libre adaptation du récit que j'ai consacré à la solitude du pouvoir sous la Ve république aux Editions Grasset, j'ai voulu ici observer la magistrature suprême sous le prisme de son exil intérieur. Ces moments indéfinis où un chef d'Etat est définitivement seul pour décider ; où les amis, les conseillers, la famille n'existent plus ; où seul l'intérêt du pays, le sens de l'intérêt général mais l'égoïsme aussi parfois, conduit à trancher. Dans cette monarchie contrariée qu'est la république, le "roi" est seul. Et c'est aussi cette solitude-là qui nous gouverne, qui s'impose à celui qui incarne le pays, qui rejaillit sur le peuple», explique le réalisateur. Le second documentaire «François Mitterrand à bout portant 1993-1996» qui sera présenté en avant-première en Tunisie, le réalisateur revient sur les derrières années du «règne» de Mitterrand, au crépuscule de son deuxième septennat, François Mitterrand est seul. Ravagé par la souffrance, lâché par une grande majorité de socialistes qui ne lui pardonnent pas la déroute électorale de mars 1993, le chef d'Etat se prépare à vivre une seconde cohabitation avec la droite quand une série de tragédies et de révélations s'apprêtent à venir obscurcir sa fin de règne.