Par Samira DAMI Plusieurs décisions importantes ont été annoncées concernant la 33e édition de la Foire du livre prévue de 25 mars au 3 avril. Ces partis pris du directeur de la manifestation, Chokri Mabkhout, véhiculent plusieurs objectifs : – Assurer une meilleure organisation de l'événement en augmentant de 500% le budget de cette édition en commun accord avec le ministère des Affaires culturelles. Voilà qui est réjouissant tant cela favorise de meilleures conditions financières et logistiques. Mais il n'empêche que le secteur privé a, également, un rôle à jouer en contribuant, financièrement, à cette manifestation dont la finalité est de promouvoir la culture, le livre et la lecture, meilleur rempart «contre l'extrémisme et l'enfermement», comme l'a indiqué Chokri Mabkhout qui considère, par ailleurs, que «le livre a une dimension publique importante, c'est pourquoi il est l'affaire de tous, entre créateurs, écrivains, médias, représentants de la société civile, lecteurs et éducateurs». – Redonner à la Foire du livre la place qu'elle mérite afin qu'elle retrouve son rayonnement d'antan. Cela en instaurant une réduction de 20% pour les participants arabes adhérant aux unions des éditeurs de leurs pays pour encourager leur participation qui s'est estompée durant ces dernières années. Outre qu'est prévue une réduction de 50% sur les tarifs des pavillons en faveur des pays arabes en difficulté, tels la Libye, le Yémen, l'Irak, la Syrie et la Palestine. – Promouvoir le livre et la création littéraire à travers l'instauration de 5 prix de 15.000 dinars chacun récompensant le roman, la nouvelle, la poésie, la recherche et la traduction. Ces prix porteront d'illustres noms du domaine de la création littéraire et de la recherche : Béchir Khraïef, Ali Douagi, Shgaïer Ouled Ahmed, Tahar Haddad et Sadok Mazigh. – Encourager la création et la lecture chez les enfants et les jeunes à travers des concours littéraires dans les langues arabe et anglaise qui seront couronnés de prix – Booster l'édition et la création par l'institution de trois récompenses de 10.000 dinars : le prix Abdelkader-Ben-Cheikh pour les nouvelles pour enfants et jeunes, le prix Abdelhamid- Kahia pour le livre d'art et enfin le prix Noureddine-Ben Khedher pour le meilleur éditeur. – Intensifier la dimension culturelle de la Foire du livre en créant un réel espace d'échanges, de réflexion et de rencontres avec des figures phares de la littérature arabe et occidentale, tout en ancrant la culture du livre et l'amour de la lecture. Outre ces objectifs, Chokri Mabkhout a opté pour la constitution d'un comité d'organisation permanent dans le but d'assurer la continuité et le suivi et d'établir une stratégie de communication moderne et efficace. Tous ces partis pris augurent, visiblement, d'une amélioration de l'organisation et d'un rayonnement plus important de cette manifestation sur tous les plans. Toutefois, espérons que les réductions sur le livre lors de cette 33e édition, seront assez conséquentes afin d'encourager les visiteurs à l'acquisition d'ouvrages en tous genres. Car si les Tunisiens n'achètent pratiquement pas de livres, au cours de l'année, c'est entre autres en raison de la cherté des prix, puisque 70% des lecteurs achètent des ouvrages lors de la Foire du livre. Ainsi pour mettre le livre à la portée du citoyen, il est indispensable d'agir sur les coûts, en procédant, entre autres, à des réductions de taxes au profit des maisons d'édition, car le livre est un produit culturel et non pas commercial. Enfin, pour encourager les citoyens à la lecture, une politique d'aide aux maisons d'édition et de promotion du livre s'avère impérative. Certes, certains chiffres concernant le Tunisien et la lecture sont choquants, puisque selon le sondage Emrhod-consulting du 2 avril 2015, «79% des Tunisiens ne possèdent pas de livres autre que le Coran ou des magazines, alors que 81% d'entre eux n'ont lu aucun livre en entier», mais ces chiffres ne sont pas une fatalité. Car, si de l'école à l'université, on arrive, de nouveau comme c'était le cas dans les années 1960, 70 et 80, à réinstaurer la culture du livre et l'amour de la lecture, les nouvelles générations se réconcilieront, certainement, de nouveau, avec le livre et la lecture. Et la Foire du livre non seulement retrouvera son rayonnement d'antan, mais constituera cet événement important incontournable pour la majorité des Tunisiens toutes générations confondues.