Samedi dernier, au stade de Radès, les semeurs de sédition et de discorde sont revenus à la charge, invitant la politique dans l'arène du sport, du football de surcroît. Une tentative malsaine de mettre côte à côte l'huile et le feu. L'enquête en cours apportera certes des réponses, mais les véritables fauteurs de troubles continuent leur manipulation politique derrière les discours, les écrits et les réseaux sociaux Décidément, Youssef Chahed, le chef du gouvernement d'union nationale, ne compte plus les guerres qu'il doit mener contre la corruption, la contrebande et le terrorisme. Samedi 17 juin, il était aux côtés du président Béji Caïd Essebsi pour assister au stade de Radès à la victoire de son équipe de cœur, le Club Africain, qui a réussi à remporter sa 12e coupe à la suite d'une disette de 16 ans. Malheureusement, la fête n'a pas été totale et les milliers de fans clubistes qui ont bravé la chaleur torride et se sont rendus à Radès ont frôlé la catastrophe. On dit bien catastrophe, puisqu'une frange des supporters du Club Africain n'a pas hésité à déployer et à brandir une banderole sur les gradins contenant la phrase suivante : «Ô gouvernants, nous vous haissons. Vous imposez un embargo à l'encontre du Qatar et vous laissez Israël vivre en paix» ont montré que la politique dans ses expressions les plus dangereuses a envahi nos stades et que ceux qui ont tout fait pour que la violence éclate à n'importe quel moment ont désormais leurs acolytes parmi les jeunes et aussi les moins jeunes qui organisent les dakhlas accompagnant généralement les rencontres sportives les plus importantes. Il est vrai que le phénomène n'est pas nouveau, puisqu'il date de l'époque de Ben Ali, quand on a assisté à la naissance des groupes de supporters dits les ultras qui rivalisaient en imagination et en créativité pour vanter dans les dakhlas les mérites, les victoires et les titres remportés par leurs équipes respectives et narguaient les supporters des équipes adverses, leur rappelant les échecs et les déceptions qu'elles accumulaient au fil des saisons. Maintenant, on ne rafraîchit pas, par exemple, la mémoire des Clubistes par les souvenirs des coupes que l'équipe de Bab Jedid a perdues face au COT, à Hammam-Lif et au CAB. On ne rappelle pas aux Espérantistes l'historique défaite subie face au Club Africain sur le score de 5 à 1 en date du 05/05/1985. La donne a changé et les politiciens aux agendas avoués ont réussi à noyauter les groupes des ultras pour les entraîner consciemment ou inconsciemment (l'enquête annoncée par le ministère de l'Intérieur nous éclairera davantage sur l'affaire) dans les conflits qui les opposent au gouvernement et aussi dans leurs alliances et choix qu'on découvre quotidiennement antipatriotiques. Et ce n'est pas sorcier pour découvrir que les concepteurs de la banderole scandaleuse et les personnes qui ont permis qu'elle soit étendue sur les gradins du stade de Radès poursuivent l'œuvre de scission entamée à Tataouine et profitent de toutes les opportunités pour semer la graine de la division et de la discorde parmi les Tunisiens en ces derniers jours du mois saint, lequel mois, faut-il le souligner, n'a pas enregistré d'opérations terroristes comme le promettaient les «jihadistes» et leurs fans sur les réseaux sociaux. Grâce précisément au patriotisme avéré de nos forces armées et de sécurité et à leur professionnalisme reconnu désormais aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger, ce qui a permis de dévoiler plusieurs cellules dormantes et d'arrêter de nombreux «loups solitaires» avant qu'ils ne passent à l'action et ne commettent les boucheries qu'ils nous annonçaient avant l'avènement du mois saint qu'ils considèrent comme «le mois des belles moissons». Sauf que les professionnels de la discorde agissant désormais à découvert puisqu'ils ne cachent plus leurs liens avec certains pays étrangers et s'en vantent même ne sont pas prêts à retourner à la raison et à comprendre qu'il existe un temps pour la contestation même si elle est populiste et il est un moment où l'intérêt national prime sur toute ambition personnelle ou calcul partisan. Jusqu'ici la bataille lancée par Youssef Chahed pour rendre la Tunisie aux Tunisiens s'attaque à la corruption, à la contrebande, à l'extrémisme, au déni de citoyenneté qu'exercent impunément beaucoup de Tunisiens, aux associations caritatives et de la société civile inféodées à l'étranger. Il existe aussi une autre bataille qu'il urge de déclencher : celle de faire taire les voix discordantes qui sèment la discorde, sous le couvert de la liberté d'expression et du droit à la différence. Dans les régimes où la démocratie est vieille de deux ou trois siècles, on n'hésite pas à sévir face à de si pernicieux et dangereux dérapages.