• 18 islamistes tués MIRANSHAH, Pakistan (Reuters) — Dix-huit combattants islamistes ont été tués hier au Pakistan dans des raids menés par deux drones américains, ont annoncé des responsables des services de renseignements pakistanais. Cette nouvelle attaque risque de raviver les tensions entre les Etats-Unis et Islamabad, un allié considéré comme stratégique pour la stabilisation de l'Afghanistan voisin. Les Américains ont multiplié ces derniers mois les attaques de drones dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, considérées comme un bastion des réseaux djihadistes. Vingt et un raids ont été comptabilisés rien qu'en septembre, un chiffre record pour un seul mois. Jeudi, c'est un raid aérien mené par des appareils de l'Otan qui a provoqué la mort de trois soldats pakistanais dans la région de Kurram. Après cette attaque, un responsable des services de renseignements pakistanais a déclaré que la multiplication des incursions de forces étrangères au Pakistan pourrait entraîner une "rupture totale des relations". A la suite de l'opération aérienne de jeudi, les autorités pakistanaises ont bloqué dans la région de Khyber une route empruntée par l'Alliance atlantique et l'US Army pour ravitailler leurs troupes en Afghanistan. Trente-cinq camions-citernes qui devaient rejoindre l'Afghanistan ont par ailleurs été incendiés vendredi par des inconnus dans la province du Sindh. La police a arrêté dix personnes à la suite de l'attaque, dont cinq dans une école coranique. Un porte-parole des talibans, Azam Tariq, a déclaré hier par téléphone à Reuters que les islamistes avaient mené cette opération en représailles aux incursions de l'Otan et a promis que ces attaques contre des camions-citernes se poursuivraient. Les raids menés à quelques heures d'intervalle hier par deux drones ont fait 18 morts parmi les rebelles islamistes dans la ville de Datta Khel, au Nord-Waziristan, selon les services de renseignements d'Islamabad. "Lors de la première attaque, deux missiles ont été tirés sur une maison. Au cours de la seconde, ce sont quatre missiles qui ont visé une habitation et un véhicule", a-t-on précisé de même source. Sur les 18 morts figurent au moins six activistes étrangers, tués lors du premier raid. Le Pakistan est un allié essentiel des Etats-Unis dans leurs efforts de stabilisation de l'Afghanistan mais des observateurs notent que les incursions frontalières de l'Otan au Pakistan et les perturbations dans le ravitaillement des forces de l'Otan rendent ces relations de plus en plus tendues. Le Premier ministre, Yusuf Raza Gilani, a déclaré au Parlement que le Pakistan était un partenaire de l'alliance dans la guerre contre les insurgés islamistes mais qu'il ne tolérerait aucune atteinte à sa souveraineté. "Je tiens à assurer l'ensemble de la nation (...) que nous envisagerons d'autres options si on porte atteinte à la souveraineté de notre pays", a-t-il averti. L'ambassadeur du Pakistan en Belgique, siège de l'Otan, s'est plaint des incursions auprès du secrétaire général adjoint de l'Alliance. En dépit de ces tensions, les analystes jugent une rupture improbable parce que le Pakistan et l'Occident ont besoin l'un de l'autre. Selon des sources proches des services de renseignements occidentaux, un complot portant sur des attentats coordonnés en Europe a été étouffé dans l'œuf grâce à de récentes attaques au missile opérées par des drones américains. Des responsables de la sécurité pakistanaise disent n'avoir aucune preuve d'un complot terroriste ourdi dans les zones tribales du Pakistan, présentées comme un repaire d'activistes par les Etats-Unis. La plupart des récentes frappes opérées par des drones visaient la région du Nord-Waziristan.