Responsable technique de l'Académie de son club de toujours, l'AS Marsa, depuis 2010, Taoufik Ben Othmane met son expérience au service de la jeune génération. L'ancien sélectionneur national, qui a qualifié le onze national aux Jeux olympiques de Séoul 1988 après l'avoir conduit en Coupe du monde 1978 en tant qu'adjoint d'Abdelmajid Chetali, met ici l'accent sur la concurrence faite par les académies privées à celles appartenant aux clubs. «Je dois d'abord reconnaître qu'il n' y a pas mieux que le foot de quartier pour développer le don chez les jeunes footballeurs. Les grands espaces ont longtemps représenté la meilleure école pour eux. Malheureusement, avec l'essor vertigineux de l'urbanisme, on n'en trouve plus. Personnellement, c'est au quartier Lahouech de La Marsa que j'ai effectué mes premiers pas et appris le foot sur le tas. Le dimanche, il m'arrivait de jouer jusqu'à quatre matches. Comme on sait, la soif de jouer est quasiment inextinguible. Quoi qu'on fasse, l'académie ne peut pas remplacer les «btahis» (les grands espaces). Mais elle tient maintenant un rôle utile pour encadrer le talent. Ce sont des jeunes issus de divers milieux sociaux qui débarquent dans notre académie: les aisés et les nécessiteux. Parfois même, quand on s'aperçoit que le jeune vient d'un milieu pauvre et qu'il possède un profil technique intéressant, on n'exige plus de lui les frais d'inscription qui sont de l'ordre de 50 dinars. Sinon, on se contente de percevoir trente dinars. A l'Avenir Sportif de La Marsa, on peut parler de deux classes d'Académie qui coexistent: une de formation dans la perspective d'une intégration dans les équipes Ecoles du club, et une autre de loisirs, et que j'appellerais volontiers «académie mission» tout simplement parce qu'elle est fréquentée par les enfants des écoles et lycées français. Ils viennent juste pour le plaisir sans aucune attente de leur part ou de la part de leurs parents. Au départ, il y a sept ans, notre académie accueillait jusqu'à 500 jeunes. Aujourd'hui, il n' y en a plus que 300. En effet, la concurrence des académies privées qui prolifèrent est vive. Elles nous ont pris beaucoup d'enfants. Il suffit à leurs promoteurs de placer des buts, du tartan et de l'éclairage, et le tour est joué.Le commerce est intéressant: un forfait de 50 dinars par mois pour chaque inscrit, faites le compte. On peut également louer ses terrains pour les matches de quartiers, ou pour les parties sixtes». «La catégorie Ecoles, grand bénéficiaire» «Les académies des clubs visent un double objectif: -D'abord, renflouer les caisses du club même si ce n'est pas le Pérou. Car il faut rappeler que, dans notre club, les jeunes inscrits sont systématiquement assurés. Nous leur prodiguons les soins médicaux en cas de pépin. -Ensuite, la première catégorie qui a son propre championnat, à savoir les Ecoles (à partir de 12 ans) bénéficie du travail de l'académie qui lui sert de pourvoyeur et de vivier. L'académie prépare de la sorte le futur licencié Ecoles qui doit ensuite suivre le cursus classique: minimes, cadets, juniors, Elites, puis seniors. Entre 6 et 12 ans, le jeune peut beaucoup apprendre dans l'académie, devenue le passage obligé. Notamment au rayon technique en l'absence de l'apprentissage prodigué gratis par le foot de quartier d'antan. D'où l'importance de l'encadrement car ce n'est pas donné à n'importe qui d'être habilité à servir d'entraîneur-formateur-éducateur dans les académies. La tâche est délicate».