Si le secteur se porte bien en Tunisie, les acheteurs mondiaux mettent en garde contre certains risques, dont la perte de compétitivité et la négligence du « tout-connecté » Après les discours officiels des chefs de gouvernement, est venu le temps des débats profonds. L'un des sujets traités en plénière lors de ces "Rencontres Africa", c'est celui des industries aéronautique et automobile. La Tunisie, comme ses voisins de l'Afrique du Nord et aussi comme d'autres pays d'Afrique subsaharienne, dispose désormais d'une expertise dans le domaine. Au lendemain de la révolution, ces secteurs ont connu quelques flottements il est vrai, mais la Tunisie avait réussi, malgré la crise, à garder la confiance des donneurs d'ordre. Directeur général de Coficab (leader sur le marché des fils câbles électriques destinés à l'industrie automobile) mais également vice-président de l'Utica, Hichem Elloumi a estimé que la Tunisie "revient dans la course". En bon ambassadeur de la destination Tunisie, il a énuméré les progrès de la Tunisie en matière de développement des infrastructures et a rappelé que la situation sécuritaire, politique et sociale s'est nettement améliorée. "Je suis d'ailleurs heureux que l'un des séminaires prévus lors de ces rencontres, s'intéresse à la plateforme logistique, dit-il. Les industries aéronautique et automobile sont très sensibles à la performance logistique". Il y a l'infrastructure, le projet du port en eaux profondes, l'amélioration du circuit portuaire, ces secteurs sont sensibles à la performance logistique". Elloumi a vanté également les mérites des équipementiers tunisiens à dimension internationale et qui sont des leaders dans le domaine des composants automobiles. "Nous sommes partenaires des constructeurs automobiles, nous travaillons sur les véhicules électriques, « data câble » et autres produits de haute technologie, affirme Elloumi. Nous continuons d'essayer d'attirer un constructeur automobile". Ce n'est pas Georges Bui, responsable achats, direction Afrique-Moyen-Orient de PSA, qui va démentir le vice-président de l'Utica. Pour lui, l'Afrique du Nord est désormais un pilier du développement international du groupe. Il a affirmé que l'usine de construction au Maroc sera prête en 2019 et que d'autres unités d'assemblage verront le jour au Nigéria, au Kenya, en Ethiopie et en Namibie. "En Tunisie ce n'est plus seulement de l'assemblage pur et simple, explique-t-il. Nous avons des exigences de plus en plus complexes et nos fournisseurs tunisiens nous donnent amplement satisfaction". A titre d'exemple, les écrans de navigation de la marque PSA sont tous fabriqués en Tunisie. Cela demande des ingénieurs qualifiés et nous en avons. Toutefois, le représentant de PSA prévient : la Tunisie doit conserver sa structure de coût actuel pour ne pas se voir piquer les marchés par la Chine ou l'Inde qui sont en guet-apens. Pour sa part, Nabhane Bouchâala, président de Tunisian Automotive Association, a fait savoir que l'Afrique achète seulement 1,7 million de véhicules neufs par an. "Or, dit-il, il y a sur ce marché une marge de progression de 6 à 8% par an". Selon lui, en Afrique, le marché de l'occasion est dix fois plus important que le marché de véhicules neufs. Et là aussi, Bouchâala y voit une opportunité: celle de développer le marché des pièces de rechange. "Les constructeurs doivent s'intéresser à l'Afrique, non seulement pour la production mais également pour la commercialisation, explique-t-il. Produire en Afrique et acheter en Afrique. La Tunisie a une panoplie de fournisseurs de pièces de très bonne qualité qui sont capables de supporter les besoins de l'Afrique en pièces de rechange. La Tunisie, c'est 200 entreprises de fabrication de pièces auto et 80 mille employés qualifiés, dont 15% de cadres supérieurs. Pour ce qui est de l'aéronautique, Thierry Haure Mirande, président du Groupement des industries tunisiennes aéronautiques et spatiales, a également exprimé sa satisfaction de ce que proposent les fournisseurs locaux et qui permettent aux entreprises du secteur de fabriquer un produit complet. En revanche, Thierry Haure Mirande recommande à la Tunisie de miser sur l'industrie 4.0 (usines intelligentes se basant notamment sur la technologie des objets connectés). "Nous devons travailler avec les autorités à l'éclosion de Start-up 4.0, déclare-t-il. La clé de la réussite, c'est toujours de créer l'écosystème nécessaire". Même souhait du côté du vice-président d'Airbus Mena, Adel Fekih, qui explique que l'industrie aéronautique sera de plus en plus orientée vers "l'expérience voyageur". "L'expérience voyageur sera de plus en plus complexe avec de la technologie embarquée le tout dans un nouveau monde digitalisé, explique Adel Fekih. Il faut que les entreprises africaines pensent à se développer dans ce domaine".