Amis dans l'art comme dans la vie, les deux photographes Hamideddine Bouali et Amine Landoulsi exposent leurs photos à partir de demain à Paris. Comme beaucoup d'autres photographes tunisiens, la révolution leur a ouvert de multiples opportunités, une large matière, une liberté nouvelle et une plateforme internationale. Hamideddine Bouali et Amine Landoulsi se sont souvent croisés au cours de ces quinze dernières années, partageant un terrain de travail, des expositions collectives, des préoccupations déontologiques et des discussions non-stop sur la photo. L'exposition qu'ils organisent à Paris à partir du 8 novembre à la Fondation de la Maison de la Tunisie est née de cette passion commune de l'image fixe, dont l'un a fait son métier depuis 2011 (Amine Landoulsi) et l'autre dit continuer à la pratiquer en amateur (Hamideddine Bouali) malgré son immersion totale dans ce domaine depuis trente ans. Ils se reconvertissent en reporters Lors du second mois de la photo de Tunis en 2001, dont le commissaire n'est autre que Hamideddine, Amine remporte le premier prix du concours photo. En 2009, ils entreprennent une virée photo qui les mène jusqu'à Redeyef. Un an plus tard, ils décident de mettre en place une structure pour réunir les passionnés de photo de Tunis. Une année jour pour jour après la naissance du Club photo de Tunis, la Tunisie faisait la une des médias du monde entier. De photographes de rue et de voyage, ils se reconvertissent en reporters pour le compte de la banque d'images «Demotix». Ils couvrent le «14 janvier 2011», puis vont à Sidi Bouzid et témoignent de ce qui se passe lors des deux sit-in de la Kasbah. Ensemble, et chacun à part, ils séjournent aux camps de réfugiés de Choucha. Lors de cette exceptionnelle année tunisienne, ils sont invités à exposer sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris puis à projeter leurs images à la soirée «Actualité du Monde», lors de Visas pour l'Image, à Perpignan. Si Hamideddine choisit de continuer à pratiquer l'illustration des évènements qui feront la couverture de plusieurs ouvrages, dont «Dernières nouvelles de Tunis» de Serge Moati, «Insurrections arabes» de Smaïn Laacher, «L'Automne des femmes arabes» de Djemila Benhabib, Amine, lui, prend le chemin du photojournalisme et signe d'innombrables «Une» de journaux, dont Le Monde, Jeune Afrique, Libération ainsi que le New York Times. Un dialogue à quatre yeux «C'est un dialogue à quatre yeux que nous proposons. Cette exposition est une joute qui a eu lieu en privé pendant tout l'été. C'est un chapelet, ou une chaîne, fait d'images sans qu'il y ait aucune perle en moins ou de chaînon manquant. Une photo puis la réponse de l'autre, ce dernier posait une nouvelle image à la suite de laquelle venait la parade et ainsi de suite», précisent les deux photographes dans leur dossier de presse. Expérience de tout intérêt pour les aficionados de la photo : l'interprétation chacun à sa façon d'un même thème. Avec l'émulation comme seule motivation. Sans jalousie aucune. De là naît la volonté de se dépasser, d'aller au bout de son délire créatif. En noir et blanc ou en couleur, les thèmes de l'exposition vont des martyrs de la révolution, au monument du Théâtre municipal, au portrait... L'exposition se poursuit jusqu'au 30 novembre à Paris. Les admirateurs des deux photographes espèrent bien la voir bientôt à Tunis.