Les habitants de Ksibet Médiouni attendaient plus de clémence envers les détenus qui ont lutté pour leurs droits économiques et sociaux et leur dignité.. 24 jeunes de Ksibet Médiouni devaient être traduits, hier, devant la Cour pénale du Tribunal de cassation de Monastir. Les faits qui leur sont reprochés concernent l'incendie d'un poste de police à Ksibet Médiouni suite aux protestations qui ont suivi l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013. A rappeller que ces jeunes ont été jugés par le passé et ont écopé de peines allant de l'emprisonnement au non-lieu vu l'absence de preuves. Mais le ministère public n'était pas satisfait des sentences et a préféré faire appel en cassation pour une affaire que l'on croyait dépassée malgré les peines lourdes décidées à l'égard de certains jeunes. Ces derniers n'ont fait que protester suite à l'assassinat d'un militant, qui a ému tout le peuple tunisien. A cet effet, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (section de Monastir) a exprimé sa désolation de voir réexaminer cette affaire après le jugement du tribunal et le retour au calme dans la ville. Sachant que la tension est montée d'un cran quand les agents de sécurité sont entrés de force dans les maisons pour arrêter les suspects suite aux protestations. Le Forum dénonce le réexamen de l'affaire qui va conduire à la tension et à la protestation alors que les jeunes de Ksibet Médiouni ont besoin d'un encadrement et d'un accompagnement de la part des autorités en vue de mettre fin au chômage, à la marginalisation et à la pauvreté. Le pessimisme s'est emparé de plusieurs jeunes de la région. Le Ftdes rappelle que la date du procès (4 janvier 2018) n'est pas fortuite mais coïncide avec celle des émeutes du pain qui ont eu lieu à la même date en 1984 et qui ont causé la mort de plusieurs jeunes de Ksibet Médiouni. On cite, par exemple, le martyr Chaker El Mabrouk en plus des blessés et des peines liberticides pour certains autres jeunes allant entre 5 et 6 mois de prison. Pourant, les habitants de Ksibet Médiouni attendaient plus de clémence envers les détenus qui ont lutté pour leurs droits économiques et sociaux et leur dignité. Les autorités ont estimé bon de rejuger ces jeunes qui ont manifesté leur colère après l'assassinat de Chokri Belaïd. Par ailleurs, le Ftdes dénonce cette méthode de jugement collectif que l'on croyait révolue, et qui peut générer une tension sociale, un sentiment de frustration et un désir de vengeance chez la population. Pour cela, il appelle la société civile, les partis politiques, les hommes de droit et d'opinion ainsi que les syndicats à soutenir ces jeunes de Ksibet Médiouni impliqués dans cette affaire et à faire face aux tentatives des autorités visant à museler les mouvements sociaux qui sont criminalisés par le biais du jugement des personnes qui y participent. Le Ftdes attribue, donc, la responsabilité aux autorités de ce qui pourrait de nouveau en découler et qui se traduirait par une tension ainsi que par des perturbations de la paix sociale dans la ville. Enfin, le Forum soutient les avocats qui ont accepté volontairement de défendre les suspects dans cette affaire.