Située à 10 km de Monastir, Ksibet El Mediouni a connu nombre de rebondissements ces dernières années. Outre la marginalisation, le chômage et la pollution, les habitants de cette région doivent encore subir une injustice sociale des plus graves. En effet, des réquisitoires ont eu lieu hier, mercredi 24 décembre 2014, contre 24 jeunes de la région. Lesquels ont comparu devant la justice dans le cadre de «l'affaire des jeunes de Ksibet El Madiouni». Une affaire qui remonte au 7 février 2013, au lendemain de l'assassinat de Feu Chokri Belaid. Les plaidoyers ont été sous le signe de «Non à l'implication de l'établissement sécuritaire et judiciaire dans le traitement des problèmes sociaux et la répression des mouvements de protestation des jeunes» et «Ensemble contre le terrorisme». Ingérence du juridique dans le social De son côté, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a déclaré dans un communiqué rendu public que «le ministère Public a ouvert une enquête contre un groupe de jeunes de la ville sur de graves accusations qui restent à prouver.». Tenant à attirer l'attention de l'opinion publique quant à cette injustice, le FTDS ajoute d'abord les faits et expliquent : «Au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaid, des manifestations pacifiques ont été déclenchées spontanément à Ksibet El Mediouni» pour riposter contre le crime politique dont était victime le leader du Front populaire. Ce mouvement de protestation se déroulait calmement et pacifiquement quand brusquement l'intervention musclée de la police fit plonger la manifestation dans la violence. Le FTDS rajoute que l'usage des bombes lacrymogènes contre une manifestation pacifique qui dénonce le terrorisme a été derrière la tournure prise de la situation et l'incendie qui a ravagé le poste de police de Ksibet el-Mediouni. Dans cette affaire, la grande crainte du Forum provient du risque de transgressions des droits juridiques des jeunes manifestants qui ont fait l'objet d'une inculpation. «Nous craignons que les dossiers n'aient été bouclés de manière expéditive en violation des droits juridiques des accusés», met en garde le FTDES. Pour un collectif associatif de défense En vue d'épargner à ces jeunes la prison et afin de préserver les droits juridiques humains, la FTDES lance un appel de soutien à la société civile et aux forces politiques pour former ensemble un collectif de mobilisation contre l'ingérence du ‘‘ juridictionnel'' dans les mouvements sociaux. Ces derniers devraient former ensemble un collectif contre l'implication de la justice dans un mouvement pacifique spontané qui avait pour objectif la dénonciation du terrorisme et du fanatisme. Une protestation qui faisait partie d'un mouvement national touchant toute la Tunisie. Il exhorte la justice tunisienne à réexaminer avec sérieux l'affaire avant de se prononcer définitivement les appelant à revoir les infractions commises lors du traitement de l'affaire. Le Forum incite, également, la justice de réexaminer les circonstances de l'incendie du poste de police à la lumière des doutes soulevés par les avocats. Au final, le FTDES souligne que la nouvelle Constitution protège les droits sociaux et juridiques des citoyens ainsi que le droit de manifester pacifiquement. Les plaidoiries de la veille représentent en ce sens un moyen de contestation contre toute forme de mouvement social mené par les jeunes. C'est pourquoi, l'ingérence des deux institutions sécuritaire et juridictionnelle menace le droit social de toute tentative de protestation pacifique.