• Rencontre avec le Dr Mourad Rammah, nouveau président du Comité du patrimoine islamique relevant de l'Isesco Consciente de l'importance du patrimoine islamique et de la nécessité de sa préservation, le Conseil des ministres de la Culture du monde islamique constitué de représentants de 57 Etats et qui s'est réuni à Tripoli au mois de novembre 2007, dans le cadre de la 5e Conférence islamique, a décidé de créer un comité du patrimoine islamique avec comme mission d'œuvrer pour la cohésion et l'efficacité dans l'action de l'Isesco dans les différents domaines en rapport avec le patrimoine culturel islamique. C'est dans ce cadre que s'est constitué un comité formé de représentants de six pays islamiques (la Tunisie, l'Egypte, l'Iran, la Malaisie, le Niger et le Sénégal) qui se sont réunis au mois de septembre 2010 à Rabat au siège de l'Isesco et qui ont élu à l'unanimité le Dr Mourad Rammah, président de ce comité. Il s'agit d'une première dans le monde islamique, marquant ainsi l'intérêt porté par les musulmans à leur patrimoine culturel. Le comité se réunit d'une façon périodique à son siège à Rabat, sauf si un Etat membre propose d'en accueillir les travaux. Le Dr Mourad Rammah, conservateur de la Médina de Kairouan depuis 1988, directeur du laboratoire national de restauration des manuscrits, président de l'ASM de Kairouan depuis 2009, a eu son doctorat en archéologie islamique en 1982 et son habilitation sur ses travaux en rapport avec le patrimoine islamique en Tunisie. A côté de cela, il a publié plusieurs articles sur la civilisation islamique ainsi qu'un ouvrage intitulé Les lumières de Kairouan, outre un catalogue relatif au musée de la civilisation et des arts islamiques de Rakkada. Feuille de route du nouveau comité Notons que ce nouveau comité sera aidé dans sa mission par un comité technique constitué d'éminents spécialistes du patrimoine du monde islamique et qui se chargeront de l'élaboration de certains dossiers techniques. Concernant sa nouvelle tâche, le Dr Rammah reconnaît qu'elle sera difficile étant donné que le patrimoine islamique se trouve menacé par les catastrophes naturelles, les conflits et les guerres, les législations inadaptées au contexte actuel du patrimoine culturel islamique, le trafic illicite des biens culturels ainsi que par l'inexistence d'un fonds structurel pour la sauvegarde du patrimoine culturel islamique. «Il s'agit en premier lieu de sensibiliser tous les musulmans dans tous les pays à la nécessité d'œuvrer à la préservation de leur patrimoine, d'assurer sa survie et de participer à sa conservation. Les Etats membres sont appelés à développer une politique commune pour démontrer le rôle de la civilisation islamique dans l'élaboration de la civilisation universelle et pour propager les valeurs de tolérance, d'ouverture et de compréhension de l'autre», nous confie le Dr Mourad Rammah, avant de préciser que le projet de feuille de route du comité vise à sauvegarder les monuments historiques et les réserves naturelles dans les Etats membres, à protéger et promouvoir le patrimoine culturel immatériel, à fournir d'urgence l'aide destinée à protéger les sites archéologiques en cas de catastrophes naturelles, à fournir l'assistance juridique nécessaire pour assurer la restitution des biens culturels spoliés, à lutter contre le trafic illicite des biens culturels, à fournir le savoir-faire pour inventorier le patrimoine culturel, à établir la liste du patrimoine islamique et y inscrire les sites archéologiques à unifier et coordonner l'action des Etats membres lors des réunions des comités techniques de l'Unesco et du Comité du patrimoine mondial.