Le Forum économique Tunisie-France s'est tenu hier, dans le cadre de la visite d'Etat du président français, Emmanuel Macron, dans une ambiance mobilisatrice pour le renforcement du partenariat tuniso-français. Un objectif qui semble être dans la liste des priorités des hauts responsables des deux pays. Pour la Tunisie, le partenariat historique avec la France est un vrai atout pour consolider son positionnement en Europe. Ce forum présente une occasion importante pour mieux identifier les opportunités à saisir de part et d'autre, surtout avec la présence de 250 chefs d'entreprise français et enregistrant la participation de 1.200 personnes entre professionnels et officiels Ce forum a été organisé conjointement par la Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie (Ctfci) et les conseillers au commerce extérieur de la France et devrait constituer un rendez-vous annuel, selon Foued Lakhoua, président de la Cftci, pour se tenir l'année prochaine à Paris ou dans une région française. L'objectif est de permettre aux entrepreneurs tunisiens et français d'échanger les expériences, et approfondir la réflexion sur les potentialités du partenariat. M. Lakhoua a insisté sur la réussite du partenariat français dans différents secteurs et d'une coopération politique, sécuritaire, économique, sociale et culturelle. La réussite de cette coopération économique se perçoit, selon lui, à travers l'implantation en Tunisie de 1.400 entreprises françaises employant directement 138 mille personnes et contribuant efficacement à l'effort national d'investissement et d'exportation. Au cours de 2017 et en termes de flux d'IDE, la France occupe la 1ère position en Tunisie avec environ 200 millions d'euros, soit 45% du total des IDE hors énergie. « Aujourd'hui, nous nous attendons à ce que ce partenariat historique et exemplaire gagne en profondeur et en consistance. L'implantation d'un constructeur automobile français en Tunisie, la poursuite du développement de la filière aéronautique, l'intensification de la coopération dans le numérique et notamment les Fintech, à la faveur de l'existence dans notre pays d'un réservoir important de compétences, ne peut que donner un sens à la colocalisation, qui est la voie la meilleure pour renforcer la compétitivité des entreprises françaises et tunisiennes et le moyen le plus efficace pour stimuler le processus de développement de la Tunisie », souligne-t-il, insistant sur l'ambition de voir la coopération tuniso-française passer un nouveau cap dans les prochaines années. D'ailleurs, M. Lakhoua a affirmé qu'il est du rôle des entrepreneurs des deux côtés de saisir aujourd'hui les opportunités qu'offrent un certain nombre de projet structurants que la Tunisie lancera en 2018, dans le cadre du partenariat public-privé pour contribuer au renforcement et à l'approfondissement de la coopération et du partenariat stratégique entre les deux pays. Atouts majeurs De son côté, Alexandre Ratle, président des conseillers au commerce extérieur de la France-Comité Tunisie, a affirmé que « la Tunisie dispose d'atouts extraordinaires, une situation géographique exceptionnelle, une qualité de main-d'œuvre reconnue et des ingénieurs de talent. Et pour nous Français, vous disposez d'un atout incomparable, vous parlez français. Cette langue n'est plus la langue de la France, elle est la langue de 274 millions de personnes », souligne-t-il. Il a indiqué que la zone économique francophone représente aujourd'hui 7% du PIB mondial et 20% du commerce international. De même, en 2050, la langue française sera parlée par 700 millions de personnes. La zone économique francophone sera alors l'une des plus importantes au monde, selon M. Ratle, estimant que la Tunisie a tous les atouts pour profiter de ce marché d'avenir. S'adressant aux entreprises françaises présentes, il appelle à investir davantage en Tunisie. « Nous savons qu'il est sensé que la Tunisie aille dans les réformes et la simplification administrative. Néanmoins, c'est aujourd'hui qu'il faut investir en Tunisie pour qu'ensemble, nous portions le drapeau tunisien et français à travers le monde », lance-t-il. Relation dynamique Pour Zied Laâdhari, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, la dynamique des relations entre la Tunisie et la France est assez développée puisque cette dernière apporte 40% des IDE en Tunisie (qui génèrent un tiers de l'emploi), un cinquième du commerce extérieur de la Tunisie. La France est le premier partenaire, premier investisseur, premier fournisseur et client de la Tunisie. Il a formulé le souhait que la visite du président de la République Française puisse apporter un nouvel élan à ces relations particulières entre les deux pays, insistant sur le rôle des acteurs économiques, entrepreneurs et grands groupes, PME et startup. Il a souligné que le gouvernement œuvre pour l'avancement des réformes engagées, surtout avec la promulgation d'une panoplie de nouvelles lois, à savoir la loi sur l'investissement, la loi sur les énergies renouvelables et la loi sur le partenariat public-privé, afin de faire de la Tunisie une destination plus compétitive. M. Laâdhari a indiqué également que la Tunisie a un fort potentiel pour être un pont entre l'Europe et l'Afrique, qui est le marché de l'avenir et de contribuer à la stabilité du continent et aussi de l'ensemble de l'espace méditerranéen. Il a ajouté que la zone francophone reste une zone d'avenir et que la Tunisie y restera attachée comme à la langue française comme un outil de culture et de communication et de création d'opportunités économiques. Codéveloppement D'ailleurs, la France est également engagée dans des réformes économiques profondes, selon Delphine Geny-Stephann, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, avec l'ambition de transformer le modèle économique se basant sur trois axes. Le premier concerne le marché du travail en le rendant plus flexible en permettant aux entreprises de s'adapter aux réalités du terrain, de limiter leur risque financier afin de les encourager à embaucher et à créer de l'emploi. « Comme pour la Tunisie, l'emploi est un enjeu majeur pour la France. Cette réforme s'accompagnera d'une refonte du système d'assurance en chômage pour assurer plus de sécurité aux salariés », précise-t-elle. Le deuxième axe est celui d'une fiscalité remodelée, à travers la mise en application de plusieurs mesures visant à développer la prise de risque et l'investissement des entreprises et avec le but de rendre les entreprises plus compétitives. Mme Geny-Stephann a indiqué que le taux d'impôt sur la société sera porté à 25% d'ici 2022, soit un taux moins important que la moyenne européenne. Ces mesures seront accompagnées par un vaste programme de simplification et d'allégement des freins réglementaires et administratifs. Le troisième axe concerne l'adéquation aux grandes mutations écologiques et numériques avec une feuille de route ambitieuse, entre autres l'ambition d'apporter le très haut débit partout sur les territoires en France. Ainsi, la haute responsable française a affirmé que la France se positionne comme un acteur ouvert sur le monde, d'où l'intérêt de développer davantage les relations tuniso-françaises. « La France est profondément attachée à son rôle de premier partenaire économique, premier investisseur, premier bailleur latéral. Ce sont des actifs à préserver mais il faut faire revivre cette relation et avoir de la marge pour la développer. Notre conviction est que le partenariat entre la France et la Tunisie doit se tourner vers l'avenir en s'ouvrant à de nouveaux secteurs, nouveaux marchés », estime-t-elle. Elle a ajouté qu'il faut être conscient aussi des défis que pose le codéveloppement pour les économies des deux pays. La visite d'Etat du président français a permis, selon elle, de confirmer l'accélération de toute une série de programmes de coopération dans les domaines de la sécurité, de l'économie et de l'éducation.