Poursuite de la campagne «Sauvez le phosphate» et appel au gouvernement pour trouver des solutions urgentes Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Bouali M'barki, a annoncé, hier, la suspension du dialogue avec les sit-inneurs du gouvernorat de Gafsa sur le projet d'accord du 23 avril 2018 convenu avec le gouvernement. S'exprimant lors d'une rencontre avec la presse au siège du gouvernorat de Gafsa après quatre jours de séances de dialogue avec les protestataires et les demandeurs d'emploi des différentes délégations de la région, le responsable syndical a ajouté qu'en raison de l'échec des négociations, ce projet d'accord ne sera pas signé, ajoutant que l'activité dans le secteur des phosphates n'a pas été reprise. M'barki a fait savoir que les sit-inneurs ont formulé des demandes et des observations et posé des conditions auxquelles il ne peut répondre puisqu'elles ne font pas partie de ses prérogatives, citant, à titre d'exemple, le quota des recrutements et des formations réservé à chaque délégation et l'échéance relative à l'application de cet accord étant donné que ces questions relèvent de la mission du comité technique dont la création dépend de la signature de l'accord. «Pour l'Ugtt, le dialogue avec les sit-ineurs est terminé», a-t-il dit, appelant le gouvernement à trouver une solution rapide à la crise du phosphate et mettant l'accent sur la nécessité de poursuivre le dialogue et de demeurer à l'écoute des préoccupations des habitants de cette région. Il a, en outre, mis en garde contre les promesses non tenues. L'accord en question prévoit la création de 7.000 opportunités de travail et de formation ainsi que le financement de projets privés. D'autre part, les agents et cadres de la Compagnie des Phosphates de Gafsa, du Groupe chimique tunisien, de la Société tunisienne de transport des produits miniers et de la Société nationale des chemins de fer tunisiens ont observé, hier, pour la troisième fois consécutive, un mouvement de protestation devant le siège de la présidence du gouvernement. Ils pressent le gouvernement de trouver des solutions radicales à la crise que connaît le secteur du phosphate. Le chargé de communication de la campagne «Sauvez le phosphate», Rafik Smida a déclaré que «le gouvernement est appelé à intervenir pour trouver des solutions au problème du phosphate dont la production est paralysée depuis le 20 janvier dernier. Ce secteur, a-t-il dit, emploie près de 32 mille salariés, déplorant le «mutisme» du gouvernement face à ce dossier «délicat». Il a exprimé sa crainte de voir cette situation aboutir à une cession du secteur du phosphate, faisant savoir que 15% du budget de l'Etat sont générés par le secteur du phosphate. Et d'ajouter que les pertes enregistrées par ce secteur ont entraîné une hausse de l'endettement, ce qui a poussé, selon lui, l'Etat à recourir à la dette extérieure depuis 2011. Saber Louati, membre du bureau syndical du Groupe Chimique Tunisien, a critiqué, pour sa part, «le traitement négatif» par le gouvernement et la centrale syndicale de ce dossier. Il a rappelé que les gains du groupe sont passés de 3 mille milliards en 2008, 2009 et 2010 à 0 en janvier et février 2018, en raison de l'arrêt de la production et de l'exportation. Venus de Gafsa, Gabès, Skhira, Sfax et Tunis, les protestataires ont scandé des slogans à l'instar de «Non aux solutions palliatives», «Le secteur du phosphate n'est pas à vendre» et «Sauvez le secteur». Marche à pied entre Oum Larayes et Gabès pour sensibiliser à la situation de la CPG Dans un geste symbolique de sensibilisation à la situation difficile de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), à l'arrêt depuis le 20 janvier par un mouvement social, un haut cadre de la CPG a entamé, mercredi, une marche à pied de 135 km environ entre la ville de Oum Larayes, un des centres de production de phosphate, et la ville de Gabès, siège du Groupement Chimique Tunisien (GCT), portant avec un lui un kilogramme de phosphate. «J'ai pris le départ mercredi matin à 7h30 et je suis déterminé à parcourir tout le trajet pour attirer l'attention sur la dégradation de la situation à la CPG qui risque la faillite à cause de l'interruption de ses activités», a expliqué le cadre de la société, Abdelhafid Mabrouk, au correspondant de l'agence TAP. La production de phosphate dans les unités d'Oum Larayes, Redeyef et Le Kef est suspendue depuis le 20 janvier, suite à l'annonce des résultats de la quatrième partie du concours de recrutement de 1700 employés, rappelle-t-on. Les activités d'extraction, de production, de transport de phosphate ont été arrêtées, ainsi que les unités du GCT à Mdhila (Gafsa) et Gabès.