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«Le Tunisien n'arrive pas à se défaire de l'image péjorative du handicapé» L'invité Du Lundi - Mohamed Mzoughi (Président de la Fédération tunisienne des sports pour Handicapés)
La Fédération tunisienne des sports pour handicapés a sollicité un bureau de communication pour changer l'image du sportif handicapé. Sauf que ledit bureau a exigé 30.000 dinars, ce qui est nettement au-dessus de ses moyens. Où en êtes-vous, votre fédération et vos sportifs, depuis les Jeux paralympiques de Rio de Janeiro de 2016 ? Notre fédération est toujours active et nos sportifs visent à présent les prochains Jeux paralympiques, Tokyo 2020. Malheureusement, l'activité des sports handicapés n'est pas assez médiatisée. Pourtant, certains organes de presse, comme le vôtre, font des efforts pour nous soutenir médiatiquement. C'est un peu de notre faute aussi, mais vous savez, nos moyens financiers et logistiques sont modestes. Néanmoins, la plupart des médias tunisiens couvrent nos participations lors des échéances internationales. Comment expliquer, alors, que l'engouement des Tunisiens pour les sports handicapés est circonstanciel, le temps de leur participation à une échéance internationale de grande envergure, telle que les JO de Rio 2016 ? Lors des participations de nos sportifs à ce genre de compétitions, les Tunisiens ont tendance à comparer les performances de nos athlètes qui glanent beaucoup de médailles par rapport aux sportifs valides qui n'en ramènent pas ou prou. Mais une fois le rideau tombé sur ce genre de manifestations internationales, nos sportifs retombent malheureusement dans l'oubli. Peut-on espérer un jour changer l'image du sportif handicapé en Tunisie ? C'est une question de culture sociale et de mentalité. Le Tunisien n'arrive pas à se défaire de l'image péjorative qu'il a du handicapé. Nous avons essayé de changer l'image du sportif handicapé à l'occasion de la participation de nos athlètes aux derniers Jeux paralympiques de Rio de Janeiro. L'idée de base est de travailler sur l'image renvoyée par nos sportifs avant, pendant et après leur participation aux JO de Rio. Nous avons sollicité un bureau de communication qui a exigé un budget de l'ordre de 30.000 dinars. Sauf que, vu les moyens financiers trop modestes de notre fédération, nous n'avons pas pu conclure le contrat avec ce bureau. C'était tout simplement au-dessus de nos moyens dans la mesure où notre instance fédérale peine à assurer le quotidien de nos athlètes. La tutelle ne soutient-elle pas votre fédération ? Précisément, je devais me réunir avec la ministre de la Jeunesse et des Sports vendredi dernier. La réunion a été reportée pour aujourd'hui. Je devais discuter avec Mme la ministre des subventions allouées à nos sportifs d'élite. Soumaya Boussaïd bénéficie déjà du soutien de la tutelle depuis l'année dernière dans le cadre du programme du contrat de sportif d'élite. Le ministère nous a donné son accord de principe pour huit autres athlètes d'élite et je profiterai de la réunion d'aujourd'hui avec Mme la ministre pour faire accélérer les choses afin que nos sportifs puissent suivre convenablement leur programme d'activité au titre de l'année 2018. Et quels sont vos projets pour l'année 2018 ? Comme je vous l'ai dit, nous sommes en train de travailler sur les qualifications de nos athlètes aux prochains Jeux paralympiques, Tokyo 2020. L'année en cours sert de préparation pour le Championnat du monde qui aura lieu en 2019 et qui sera qualificatif pour les JO de Tokyo. Par ailleurs, le Meeting international de Tunis qui aura lieu au mois de juin prochain constituera l'une des étapes préparatoires pour le Championnat du monde et pas seulement pour les athlètes tunisiens puisque, comme vous le savez, notre meeting est l'un des plus prisés à l'échelle mondiale. Le meeting de Tunis est toujours accrédité par l'IPC ? Oui, la Tunisie fait toujours partie des huit nations qui organisent des Open IPC. Le Comité international paralympique nous fait toujours confiance. Et je peux vous dire que cela relève du miracle. Car avec des moyens presque inexistants, nous sommes parvenus à faire intégrer la Tunisie au cercle des grandes nations qui organisent des Open IPC qui sont qualificatifs aux Jeux paralympiques l'année qui précède leur tenue. En effet, on viendra, entre autres, à Tunis l'année prochaine pour réaliser les minima requis. Toutefois, j'ai un pincement au cœur. Le bus adapté aux personnes handicapées tarde à venir. Nous espérons que le ministère des Affaires sociales et celui de la Jeunesse et des Sports feront un effort pour nous le livrer avant la tenue du meeting de Tunis. Il faut savoir que si les athlètes étrangers continuent à venir participer au meeting de Tunis, c'est grâce à la bonne réputation de notre pays. Tenir une personne à besoins spécifiques entre les bras pour la faire descendre du bus est dégradant pour elle. Le mot de la fin... Tout ce que j'espère, c'est que tous les médaillés d'or aux derniers Jeux paralympiques de Rio de Janeiro obtiennent tous le statut d'animateurs sportifs et qu'on pense à l'après-Tokyo 2020, car nous peinons à assurer la relève à cause du peu de moyens dont dispose la Fédération. Enfin, aimerais que les ONG et la société civile nous aident à l'édification du centre d'hébergement de nos sportifs d'élite sur un terrain d'une superficie de 3.000 m2, offert par l'Etat.