PARIS (Reuters) — Un ministre et dirigeant du Parti travailliste israélien préconise que celui-ci quitte la coalition gouvernementale conduite par Benjamin Netanyahu si les négociations de paix directes avec les Palestiniens, actuellement suspendues, ne reprennent pas cette année. Si l'impasse persiste, «nous contraindrons le Parti travailliste à partir», a confié hier à Reuters Avishay Braverman, ministre chargé des Minorités, qui compte disputer la direction du Parti travailliste à Ehud Barak, actuel ministre de la Défense. «Je ferai tout ce que je peux. Je ne veux pas braquer un pistolet sur la tempe (de Netanyahu) mais notre échéance c'est janvier, si le processus de paix ne bouge pas», a-t-il ajouté. Sous la pression et la médiation des Etats-Unis, des pourparlers de paix directs ont repris le 2 septembre, pour la première fois depuis l'offensive d'Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza, à l'hiver 2008-09. Mais les Palestiniens les ont suspendus quand Benjamin Netanyahu a refusé de proroger le moratoire de dix mois sur la construction de colonies en Cisjordanie, censé favoriser ce dialogue direct mais arrivé à échéance le 26 septembre. Les Palestiniens estiment que la poursuite de la colonisation compromet leurs chances d'obtenir un Etat stable et jouissant d'une continuité territoriale. Le Premier ministre israélien rétorque que la colonisation ne doit pas être une condition mais un objet des négociations. Ehud Barak, qui mène d'intenses discussions avec les Etats-Unis sur les conditions d'une reprise du dialogue direct, s'est jusqu'à présent gardé de mettre le couteau sous la gorge de Netanyahu à propos du maintien des travaillistes dans la coalition à dominante de droite dirigée par le chef du Likoud. Celui-ci dispose à la Knesset d'une majorité de 71 sièges sur 120 mais la défection des 13 députés travaillistes pourrait le faire tomber. Toutefois les travaillistes n'ont pas le vent en poupe dans les sondages et une élection anticipée pourrait les affaiblir davantage. Avishay Braverman a exhorté Benjamin Netanyahu à prendre ses décisions sur ce qui est «important et non pas marginal» et lui a suggéré de proposer aux Etats-Unis et aux Palestiniens un nouveau gel de la colonisation de quatre ou cinq mois, à quelques exceptions près. «Le gel des implantations est devenue une question majeure, mais, pour moi, la question clé c'est la survie de l'Etat juif et l'égalité entre tous ses citoyens», a-t-il souligné. «Si nous n'avançons pas courageusement vers la partition de la Terre sainte, les Nations unies pourraient finir par proclamer un Etat à l'ouest du Jourdain, transformant Israël en un Etat à majorité arabe». Avishay Braverman a réitéré à ce propos son opposition à un projet de loi approuvé ce mois-ci par le gouvernement qui requiert des candidats à la nationalité israélienne de prêter un serment de «loyauté envers Israël en tant qu'Etat juif». «C'est un projet de loi stupide et peu judicieux», a-t-il dit, tout en excluant de rompre le pacte de coalition à propos de cette initiative 'populiste', qualifiée de raciste par les Arabes israéliens qui représentent 20% de la population du pays.