L'innovation est devenue une question cruciale pour la croissance de toute économie et la pérennité de toute entreprise. Cela requiert une vision stratégique pour mieux orienter l'intervention de l'Etat et de tous les acteurs concernés par l'innovation. L'innovation est devenue une question cruciale pour la croissance de toute économie et la pérennité de toute entreprise. Une question à laquelle les autorités tunisiennes ont accordé un intérêt particulier depuis quelques années. Mais disons que le chemin parcouru ne répond pas encore à l'ampleur des défis auxquels fait face l'économie tunisienne en termes de renforcement de l'économie du savoir et d'accompagnement de l'innovation. Des objectifs qui requièrent une vision stratégique permettant de mieux orienter l'intervention de l'Etat mais aussi de tous les acteurs concernés par l'innovation. L'Agence de Promotion de l'Industrie et de l'Innovation (Apii) a organisé hier, en collaboration avec la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (Conect) et Anima Investment Network, la première édition du Tunisian Business Innovation Day, dans le cadre de l'initiative "The Next Society", financé par l'Union Européenne. Cette initiative vise à renforcer les écosystèmes d'innovation et à développer la création de valeur ainsi que des solutions concrètes pour une prospérité partagée en Méditerranée et en Afrique. Elle réunit plus de 300 organisations et 2500 entrepreneurs. En Tunisie, elle sera développée autour de quatre axes, à savoir l'amélioration des cadres réglementaires, la valorisation du succès des startups, la promotion et l'internationalisation des clusters et l'accompagnement du transfert technologique vers l'entreprise. Selon Samir Bechouel, Directeur Général de l'Apii, il est important d'établir un cadre réglementaire spécifique à l'activité innovante et d'élaborer une politique nationale en la matière. Il a ajouté qu'une politique publique pour le renforcement de l'innovation a été établie depuis 2010. Mais depuis 2011, très peu a été fait en la matière, insistant sur le rôle du secteur privé. M. Bechouel a également souligné qu'une étude stratégique a été élaborée en 2016 pour étudier la mutation d'une industrie à faible coût vers une industrie innovante à haute valeur ajoutée. D'autres avancées ont été réalisées comme le Startup Act, la loi sur la responsabilité sociale et la réforme fiscale. L'innovation est l'avenir Pour Tarak Chérif, président de la Conect, l'innovation est un élément fondamental pour le présent et l'avenir de l'économie tunisienne et des entreprises tunisiennes. Il a indiqué que la Tunisie tient de bonnes relations commerciales avec ses partenaires européens, à l'instar de la France et l'Allemagne avec lesquelles elle enregistre une balance commerciale excédentaire grâce aux produits manufacturés. "Je milite pour le développement d'un partenariat basé sur l'innovation et sur la Recherche et Développement, mais il faut développer davantage la relation entre l'Etat et les entreprises publiques et privées et la relation entre les enterprises et l'Université. Cette proximité ne peut être que bénéfique", insiste-t-il. De son côté, Slim Feriani, ministre de l'Industrie et des PME, a affirmé que l'innovation n'est plus un choix mais une obligation pour les PME tunisiennes, ajoutant que la mondialisation exige la maîtrise des nouvelles technologies, la préparation à la concurrence et le renforcement de l'économie du savoir. Au niveau de l'économie nationale, le ministre a indiqué qu'il est impératif d'améliorer le système national de l'innovation et de créer un écosystème bien développé. Il s'agit aussi de renforcer les mécanismes d'incitation à l'innovation, à l'instar du Programme National de Recherche et Innovation, et du Programme de Mise à Niveau qui sera désormais orienté vers l'appui à l'innovation. Identifier les politiques industrielles M. Feriani a signalé qu'une Direction de l'Innovation a été mise en place au sein du ministère de l'Industrie et des PME pour promouvoir le secteur de l'innovation. "Nous tablons sur une vision prospective qui vise à identifier les politiques industrielles, à renforcer les secteurs traditionnels comme le textile, l'agroalimentaire et à accompagner les secteurs émergents comme l'aéronautique", explique-t-il. Il a ajouté qu'un programme à court et moyen terme a été établi pour la promotion, l'innovation et l'accompagnement des PME. Les axes de ce programme reposent sur le soutien de la compétitivité de toute l'industrie, le développement des secteurs porteurs et de champions internationaux, l'accélération de l'investissement dans les régions et la promotion de la Tunisie comme plateforme internationale technologique. L'ambition, selon le ministre, est de passer à une industrie basée sur la haute valeur ajoutée. Concernant le développement des startups et la problématique du financement, M. Feriani a précisé qu'un draft de la loi sur le crowdfunding a été élaboré, indiquant que son approbation aura un impact certain pour les startups tunisiennes. Il a ajouté que le financement représente une réelle problématique pour les PME et que le financement alternatif est devenu nécessaire pour leur permettre de réaliser leurs projets, qui consiste outre le crowdfunding en le private equity, les fonds d'investissement, etc. "Le microcrédit a changé la vie de milliers de Tunisiens. On espère que ce sera le cas pour le crowdfunding pour les PME", a-t-il lancé.