Au cours des deux dernières décennies, plusieurs recherches ont été présentées sur les fluctuations climatiques et les tendances de la température de l'air en surface dans différentes régions de la planète. Selon Dr Abderrazak Arif, chercheur à l'Institut national de la météorologie, les augmentations globales de la température de l'air en surface ont oscillé entre 0,6 ± 0,2°C au cours du XXe siècle. Quid de l'avenir? Dans la région méditerranéenne, les variations de la température de l'air au cours du siècle dernier semblent être similaires à celles qui ont été enregistrées dans le monde. Les séries temporelles de la température de l'air dans l'hémisphère nord ont le même taux de changement. Toujours de l'avis du spécialiste interrogé, aucune menace de forte chaleur ne pointe à l'horizon, avec des températures habituelles. Rien de nouveau à l'ombre du soleil. Le Dr Abderrazek Arif, ingénieur spécialiste sur la problématique du climat et les changements climatiques en Tunisie, dresse un premier bilan sur la météo estivale. Il affirme : «L'augmentation et la baisse des températures est un phénomène cyclique naturel et normal qui n'a rien d'inquiétant. Il est normal d'enregistrer des anomalies annuelles moyennes d'un degré». Pourtant, une élévation du niveau des températures de dix degrés au cours des dernières années par rapport à la normale saisonnière selon certaines sources fait craindre des pics de chaleur jamais enregistrés. A cette réplique, notre spécialiste a évoqué son article d'archive, publié sur les colonnes de La Presse le 18 octobre 1993, dans lequel il affirmait déjà qu'il y avait une augmentation des températures moyennes annuelles de la terre de 0,014 degré Celsius qui a été relevées durant les années 1980, soit une augmentation de 1 degré °C tous les 71 ans, montrant que, principalement, les causes anthropiques agissent directement et localement sur l'augmentation de la température. Cela avant de constater les effets du changement climatique à l'échelle locale et régionale sur le niveau des températures en Tunisie. «En 1986, les températures minimale et maximale étaient comprises entre 26.1°C et 32,2°C du 17 au 19 juillet contre 41.1°C et 39,4°C respectivement en 2005 et 2015». Actuellement, les températures frôlent les quarante degrés et plus dans le Sud de la Tunisie, à cause des coups de sirocco qui suscitent des énigmes. Quels sont les facteurs à l'origine de la hausse de la température ? Les côtes tunisiennes sont-elles moins ou plus exposées aux méfaits de la chaleur que les villes de l'intérieur et du sud ? Quelles sont les maximales que l'on risque d'atteindre cet été? Les étés seront-ils de plus en plus chauds à l'avenir ? Abderrazek Arif, chef de service central de la pollution atmosphérique et maritime, et spécialiste en climatologie à l'Institut national de la météorologie, s'est penché sur la question, en avançant certaines hypothèses. Il se veut rassurant anti-alarmiste et préfère relativiser. A titre d'exemple, la ville de Tamanrasset en Algérie a connu un épisode de forte chaleur avec des températures dépassant les 50°C. Pourtant, de l'avis d'un autochtone, la chaleur ressentie est jugée acceptable car le climat est sec et sans aucune forme d'humidité. L'humidité associée à une forte chaleur peut entraîner la mort brutale du sujet qui peut ressentir de façon extrême cette chaleur. En outre, il faut distinguer la température mesurée de la température ressentie qui varie essentiellement en fonction de l'humidité. L'appel de la mer La panique liée à une insolation (dangereuse exposition au soleil) lors de longues journées ensoleillées d'été encourage de nombreuses personnes à se cloîtrer chez elles pour profiter de la fraîcheur de la climatisation. Le week-end, c'est la ruée vers les plages pour plonger dans l'eau fraîche. Pour nous convaincre de la normalité des températures enregistrées actuellement, le spécialiste en climatologie a établi un rapprochement avec les records de chaleur enregistrés dans un passé récent. Alors que les températures enregistrées le 10 juillet dernier et les jours qui ont suivi ont varié entre 34 degrés à Tunis et 46° au Sud de Tunisie dues à des coups de sirocco, en 2001 et 2008, à la même période des températures beaucoup plus élevées ont été enregistrées variant entre 46.1° et 47.2° atteignant un pic de 48.8° le 19 juillet 2008. De ce fait, l'année 2018 ne revêt rien d'exceptionnel sur le niveau des températures et chaleur. Température ressentie L'Indice ultra-violet (IUV) se définit comme une consigne pour la dangerosité de l'exposition du corps au soleil. «Le corps est sensible. La canicule qui sévit sur l'est du Canada depuis la première semaine du juillet a fait au moins 54 morts au Québec ces derniers jours selon les médias canadiens, avec des températures variant entre 32° et 35°. Pourtant, la température ressentie à Montréal à cause de l'effet de l'humidité a atteint 48 degrés Celsius». Un tour d'horizon des villes tunisiennes révèle le décalage de chaleur entre les valeurs usuelles mesurées et celles ressenties par la population locale sur son territoire. A Bizerte, la température de 32° correspond à une température ressentie de l'ordre de 39°. Conjuguée à l'humidité et du vent qui souffle sur la mer, une température de 31 degrés correspond à un ressenti de 38°C. A Remada dans le Sud tunisien, le 11 juillet dernier, alors que la température enregistrée était de 39°C, les habitants ont ressenti une température bien plus élevée correspondant à 42°C. Par contre, au Centre-Ouest du pays, à Sidi Bouzid, une température de 39°C est similaire à la température ressentie par les habitants. La moyenne climatique du mois de septembre évaluée sur trente ans fait ressortir des températures moins élevées de celles du mois d'août. Celles du mois d'août sont supérieures en moyenne à celles de juillet. Rien de nouveau sous le soleil de Tunisie.