L'une des deux médailles d'or tunisiennes au dernier championnat d'Afrique, organisé au Nigeria, était l'œuvre de la doctoresse Dorra Mahfoudhi, au saut à la perche. Comment a-t-elle choisi une épreuve athlétique très difficile techniquement ? Comment a-t-elle pu concilier entre les études en médecine et les entraînements? Quelles sont ses ambitions ? Que lui faut-il encore pour sauter plus haut que 4m20 ? De la gymnastique à la perche Dorra Mahfoudhi a commencé à pratiquer la gymnastique lors de ses études primaires, ce qui lui a permis de devenir plus souple et de renforcer un peu ses bras. Mais si au lycée pilote elle a continué la pratique du sport, sa carrière de sportive a pris un autre chemin, notamment en changeant de spécialité. Son professeur de sport, une ancienne athlète spécialiste de course de vitesse, l'a orientée vers l'athlétisme. Elle a commencé par les courses de vitesse et le saut en longueur. Mais, vu sa morphologie, sa rapidité et sa souplesse, elle a été rapidement adoptée par l'entraîneur Jamel Ben Mohamed qui lui a changé de spécialité vers le saut à la perche. Débuts prometteurs A peine deux mois d'entraînement, Dorra Mahfoudhi, encore cadette, est parvenue à sauter 2m80. Une performance fort prometteuse. D'ailleurs, elle a réalisé par la suite 3m60 tout en remportant une médaille d'or aux Jeux africains qui lui a permis de prendre part aux Jeux olympiques des jeunes. Continuant sur sa lancée et en dépit de la poursuite de ses études, en médecine, elle n'a pas cessé de progresser sous la férule de son nouveau coach, le meilleur dans sa spécialité, à savoir Dr Ayed Ben R'hayem. D'abord elle a franchi le cap de 4 m et a réalisé par la suite 4m20 (record national). «Je me sens capable de sauter plus haut. Au dernier championnat d'Afrique, j'ai raté de peu 4m30. Avec un programme de préparation plus riche, dont notamment des stages et des participations aux meetings internationaux, je pourrai aspirer à de plus grandes performances», a confié Dorra. Réconciliation Notre championne d'Afrique est connue pour sa passion pour le sport dès son enfance tout en accordant l'intérêt nécessaire à se études. Ainsi elle a réussi à concilier entre ses obligations scolaires et sportives. Lors de ses études secondaires, elle s'entraînait 3 à 4 fois par semaine tout en accélérant la cadence pendant les vacances. Et pendant ses études universitaires, le nombre de séances d'entraînement a augmenté. A partir de 16h00, elle devait être quotidiennement sur la piste de course. «Atteindre le sommet est possible, mais y rester c'est encore plus difficile. Je me suis bien organisée pour concilier entre les études et les entraînements. D'ailleurs, j'ai réalisé mon premier objectif sportif celui de remporter le titre africain et réussir mes études en médecine. Maintenant je suis interne et je compte me spécialiser en médecine sportive pour rester dans mon domaine préféré», a précisé Dorra qui a ajouté: «Je suis motivée pour gagner beaucoup de titres africains tout en réalisant de très bonnes performances. Avec 4m20 je suis classée 124e mondiale. Je pourrais faire mieux avec la sélection africaine lors de la Coupe des Continents qui aura lieu les 8 et 9 septembre prochain à Ostrava. D'ailleurs c'est un grand honneur d'appartenir à cette sélection composée de plusieurs champions du monde». Pas d'intérêt au saut à la perche Dorra Mahfoudhi n'a pas caché son mécontentement. D'abord, elle ne bénéficie pas d'un programme de préparation adéquat pour atteindre ses objectifs sportifs et puis la spécialité du saut à la perche est négligée dans les clubs en l'absence de matériels adéquats. Aucun club affilié à la Fédération tunisienne d'athlétisme ne possède le matériel nécessaire à la pratique du saut à la perche, même ceux qui ont des champions tel que le Starting de Bizerte. «D'ailleurs en équipe nationale, tous les entraînements se déroulent au stade de Radès. A El Menzah, il n'y a plus de tapis. Et pourtant au dernier championnat d'Afrique nous avons remporté deux médailles d'or et deux de bronze...»