Pourquoi les 200 mille retraités disposant de comptes bancaires n'ont-ils pas perçu les augmentations de leurs pensions dans les délais impartis ? On attend les résultats de l'enquête officielle au moment où les banquiers invoquent un problème technique S'agit-il réellement «d'un problème technique» qui a empêché les retraités d'accéder aux augmentations de leurs pensions avant l'Aïd El Kébir, comme l'a promis le chef du gouvernement Youssef Chahed ? Hier, l'Association professionnelle tunisienne des banques et établissements financiers a répondu au ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, qui a pointé du doigt le système bancaire d'avoir failli à sa mission en échouant à faire parvenir, dans les délais, les augmentations à leurs bénéficiaires. Et le ministre d'annoncer qu'une enquête sera effectuée par son département «pour déterminer les responsabilités». En jetant la balle dans le camp du «système bancaire», c'est-à-dire les banques qui ont privé leurs 200.000 clients retraités des augmentations de leurs pensions à temps, alors que les retraités titulaires de comptes postaux ont été servis dans les délais, Mohamed Trabelsi s'attendait-il à cette réponse des banquiers qui assurent, via leur association, que le traitement de quelque 200.000 virements parvenus le vendredi 17 août à 14h00 n'a pas été effectué dans des conditions normales ? Et l'Association de se contenter d'affirmer qu'«un problème technique» est à l'origine de la défaillance en question sans préciser la nature de cette défaillance, comme si les retraités victimes de ce «dysfonctionnement», identifié heureusement par le personnel de l'UBCI qui est parvenu à traiter les 200.000 virements, hier jeudi 23, savent de quoi il s'agit et n'ont pas besoin d'éclaircissements ou à défaut d'excuses dans la mesure où le mal est fait et les retraités ont été lésés dans leurs droits d'accéder à leurs pensions et d'en profiter au moment où ils en avaient besoin. Certains observateurs n'hésitant pas à avancer l'hypothèse d'une opération de «sabotage dont les auteurs cherchent à discréditer le chef du gouvernement et à montrer que ses décisions ou mesures sont des actions d'apparat destinées à la consommation médiatique». Ceux qui soutiennent cette approche ajoutent : «Même si le prétexte du problème technique est véridique et même s'il était très difficile de traiter, dans les délais, les 200.000 virements, il était possible de fournir un effort exceptionnel et de mobiliser le personnel les samedi et dimanche 19 et 20 août pour que les majorations puissent être servies le lundi 20 août». On précise encore : «Les banques pouvaient recourir à un geste exceptionnel, celui de satisfaire les demandes des retraités sur la base des bordereaux puis effectuer les virements dans les comptes, l'essentiel étant que les retraités bénéficient de leurs augmentations comme promis par le chef du gouvernement et réaffirmé à plusieurs reprises par son ministre des Affaires sociales, le syndicaliste de la première heure qui sait mieux que les autres que les explications techniques des banquiers ne peuvent en aucune manière convaincre un salarié qui attend une augmentation salariale qu'il a déjà dépensée avant même de l'empocher. Maintenant, on attend les résultats de l'enquête promise par le ministre des Affaires sociales.