Chaque mois d'octobre, des journées de sensibilisation, des consultations et des examens de dépistage gratuits sont effectués dans plusieurs pays à travers le monde pour sensibiliser les femmes à la nécessité de se faire dépister afin de détecter les cancers du sein à un stade précoce et augmenter ainsi les chances de survie des femmes atteintes. Ce diagnostic précoce ne devrait pas se limiter au mois d'octobre. Des journées de sensibilisation et de dépistage gratuit devraient avoir lieu tout au long de l'année. Chaque année, le cancer du sein touche de plus en plus de femmes. La recrudescence de ce mal chez un spectre de plus en plus large de femmes et les chances de plus en plus élevées de guérison, notamment lorsque le cancer est diagnostiqué à un stade précoce, ont conduit à une conscientisation du problème au sein de la communauté médicale, de la société civile et de la population. Braquer les projecteurs sur cette pathologie, lui conférer une grande visibilité à travers l'organisation d'événements, de manifestations et d'activités qui ciblent les femmes afin de les informer et de les sensibiliser sur l'importance de se faire contrôler régulièrement dans le cadre du dépistage précoce a conduit à la célébration de l'Octobre rose à travers le monde entier. En Tunisie où 2.000 cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année, l'Octobre rose est célébré sur tout le territoire à travers un programme riche et varié élaboré par le ministère des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des seniors, en collaboration avec le ministère de la Santé, l'Office national de la population et de la famille et d'autres institutions publiques. Cette année, la campagne Slim-Chaker a été placée sous le signe : «Plus tôt tu t'en apercevras, plus facile sera la guérison». Journées de sensibilisation, consultations gratuites et caravanes mobiles… dans les régions Depuis le démarrage de la campagne, le 4 octobre dernier, des salles de consultation ont été aménagées pour accueillir des journées gratuites de dépistage qui ont eu lieu pendant trois jours sur l'avenue Habib-Bourguiba. Des médecins, des sages-femmes et des étudiantes en médecine présentes sur place se sont entretenues avec les visiteuses et les ont informées sur la nécessiter de procéder à un examen médical tous les deux ans, voire tous les ans. Les cas suspects qui ont été détectés au cours de ces journées ont été directement orientés vers la policlinique El Khadra et le centre de planning familial de l'Ariana. Des consultations gratuites ont également eu lieu dans le Centre de défense et d'intégration sociale de Douar Hicher et une journée de sensibilisation a été organisée au lycée Khaznadar au cours de laquelle le cadre éducatif et administratif a été sensibilisé à la maladie et a bénéficié de consultations gratuites. Une journée similaire organisée par l'Association des malades du cancer avec la collaboration du ministère des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des seniors est prévue le 21 octobre dans la région d'El Haouaria. Des caravanes sanitaires mobiles, à l'instar de «Bus of hope», sillonneront les régions pour offrir des consultations médicales gratuites aux femmes habitant dans ces zones. Les centres de soins de santé de base font également partie de l'aventure et ouvriront gratuitement leurs portes tout au long de ce mois pour des examens de dépistage gratuit. Il faut dire que toutes ces initiatives organisées chaque année à l'occasion de l'Octobre rose sont très louables, dans la mesure où elles ont permis d'une année à l'autre de sensibiliser un nombre de plus en plus grand de femmes toutes catégories d'âges et sociales confondues à l'importance de procéder au dépistage précoce. La question qu'on pourrait toutefois se poser serait de savoir pourquoi le dépistage précoce gratuit se limite à l'Octobre rose et pour quelles raisons tous les mois de l'année ne seraient pas des Octobres roses ? Toutes les institutions concernées, dont la société civile qui ont l'habitude de collaborer ensemble pour organiser des journées de sensibilisation et de diagnostic précoce devraient programmer tout au long de l'année des journées de sensibilisation et de dépistage gratuit dans les grandes villes et les régions. Chaque mois, des caravanes sanitaires mobiles avec à leur bord une équipe multidisciplinaire pourraient être envoyées dans les régions et les zones rurales d'accès difficile et éloignées des dispensaires et des centres de soins de santé de base afin, à la fois, de rapprocher les prestations de santé des femmes qui habitent dans ces zones et leur faire un dépistage gratuit en leur apprenant les gestes de l'autopalpation. Certes, la programmation de journées de dépistage et de diagnostic gratuit tout au long de l'année a un coût. Mais elle permettrait par ricochet de réduire les dépenses de santé liées à la prise en charge des femmes atteintes de cancer du sein dans les établissements hospitaliers dans la mesure où un plus grand nombre de cancers du sein pourraient être détectés à un stade précoce, ce qui aurait pour double avantage d'augmenter les chances de survie des patientes et de réduire les dépenses de santé car il faut savoir que la prise en charge est moins coûteuse lorsque le cancer est à un stade précoce.