A Kairouan, il existe plus de 200 cas d'autisme diagnostiqués jusqu'à nos jours et il n'y a aucun centre de prise en charge multidimensionnelle des enfants autistes. Seule une association des parents et des amis des autistes de Kairouan (ADAK), présidée par Mme Monia Jéridi, essaie d'encadrer moralement les familles touchées par ce trouble qui est en fait une incapacité chez l'enfant d'établir des relations humaines. Pris à temps, l'autisme s'atténue et peut même disparaître. C'est pourquoi il faudrait essayer de stimuler l'enfant pour qu'il puisse éprouver de l'affection pour autrui et surtout sa mère car il a toujours besoin d'amour sans réserve. Nous apprenons dans ce contexte qu'une mère de famille, Raoudha, a été obligée d'enfermer son fils aîné Alaâ, âgé de 18 ans, et de l'enchaîner pendant son absence au travail, de 8h00 à 15h00. Et elle nous confie à propos de ce geste inhumain : «Comme mon fils Alaâ n'a été à l'école primaire que durant 2 mois et qu'il a été renvoyé à cause de son comportement agité, entrecoupé de crises d'angoisse, de colère et d'agressivité, je l'ai inscrit dans le centre régional des arriérés mentaux. Même chose, il a été renvoyé au bout de 2 mois. Et malgré un traitement assuré par un psychiatre, Alaâ était de plus en plus violent et battait ses frères et même ses parents. Puis, mon mari a eu un AVC depuis 6 ans et ne pouvait plus travailler. Donc, j'ai été obligée de chercher du boulot pour subvenir aux besoins de ma famille. Seule alternative pour sauvegarder mon fils autiste : l'enchaîner pour être sûre de le trouver vivant à mon retour…». Ayant appris le cas de cet enfant emprisonné par sa propre mère à cause du manque d'encadrement, le directeur régional de protection de l'enfance a contacté les responsables des Affaires sociales pour trouver une solution et aider cette famille désemparée. Aux dernières nouvelles, Alaâ a été de nouveau accepté par les responsables du centre de protection des arriérés mentaux afin qu'il y soit encadré pendant l'absence de sa mère qui ne pense plus à l'enchaîner. Espérons qu'un centre de prise en charge des autistes sera créé à Kairouan, à l'instar d'autres villes tunisiennes.