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« Il est important d'éliminer les obstacles à l'intégration régionale »
Entretien avec… Lilia Hachem Naas, Directrice du Bureau pour l'Afrique du Nord de la Commission Economique pour l'Afrique :
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 10 - 2018

La Tunisie abrite du 30 octobre au 2 novembre 2018 la 33e réunion du Comité intergouvernemental d'experts (CIE) du bureau de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) relevant des Nations unies. Une réunion qui se tient pour la première fois hors du Maroc, où siège la CEA, et constitue un rendez-vous crucial pour les pays membres du bureau, à savoir l'Algérie, l'Egypte, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie et le Soudan. L'objectif est de suivre les politiques stratégiques mises en œuvre et de définir les orientations pour les années qui viennent ainsi que de renforcer les échanges et favoriser les partenariats entre les pays de la région.
Dans un contexte économique critique, le renforcement de la coopération entre les pays membres est crucial pour permettre une meilleure intégration régionale qui reste encore défaillante à cause de plusieurs facteurs géopolitiques et économiques. Les enjeux sont multiples, que ce soit au niveau de la croissance économique, de l'emploi des jeunes, de la migration. Ils constituent des champs d'étude que la CEA essaye, à travers le CIE, d'endiguer davantage pour mieux orienter les pays membres vers la mise en place des politiques adéquates. Etudier, mobiliser et conseiller, telles sont les trois missions principales de la CEA, selon sa directrice, Lilia Hachem Naas. Entretien.
Le Comité intergouvernemental d'experts tient pour la première fois sa réunion en Tunisie. Quels sont les points essentiels qui seront discutés lors de cette réunion ?
Le sujet du jour est la révolution des données en Afrique du Nord. Il s'agit d'un sujet important pour la réalisation des Objectifs du développement durable (ODD). Il existe toute une stratégie mise en œuvre par les Nations unies avec les pays membres pour améliorer les systèmes statistiques, les capacités de générer des données fiables et correctes et pour analyser les données afin de créer une bonne base pour les orientations politiques et les décisions qui sont prises.
Pour cette raison, nous avons choisi ce sujet parce qu'il existe un besoin de renforcement des systèmes statistiques au niveau de la région de l'Afrique du Nord. Il y a des pays comme la Tunisie ou le Maroc qui ont beaucoup de capacités dans ce domaine. Mais il faut les renforcer sur certains niveaux, et améliorer la collaboration entre les sept pays pour qu'ils soient tous au même niveau de compétences.
D'autres sujets seront également abordés. Je cite la zone de libre-échange continentale. Il s'agit de suivre l'avancement après la ratification de l'accord, la mise en œuvre de cette zone ainsi que les retombées de sa mise en place. Nous aurons à discuter de la problématique de l'emploi des jeunes dans la région. Quelles sont les politiques mises en place? Et comment réorienter ces politiques pour avoir des économies qui sont créatrices d'emploi afin de trouver des solutions pour une meilleure adéquation entre l'offre et la demande d'emploi?
En outre, les pays membres débattront de l'accélération de la réalisation des Objectifs du développement durable. Nous avons réalisé une étude au niveau régional pour analyser l'avancement de la mise en œuvre des ODD. Nous avons remarqué qu'elle n'est pas très rapide, surtout que toutes les parties concernées ne sont pas nécessairement impliquées, comme certaines institutions gouvernementales qui s'occupent des ODD, le secteur privé et la société civile. C'est un sujet sur lequel nous aimerions sensibiliser toutes les parties concernées et arriver à renforcer la collaboration et élaborer une meilleure approche pour la réalisation des ODD.
Un autre sujet important est celui de l'économie bleue. Nous allons poser la problématique de l'exploitation des ressources maritimes et mesurer l'intérêt des pays membres à travailler davantage sur cette question. Cela passe par l'amélioration des textes réglementaires pour arriver à une exploitation plus durable et conforme aux normes de préservation de l'environnement.
La question de la migration sera aussi abordée, surtout qu'elle va faire l'objet d'une réunion de haut niveau au Maroc en décembre prochain. Une réunion à l'issue de laquelle il est prévu la signature du pacte mondial de sur la migration.
Il est clair que le champ d'intervention de la CEA est vaste. Pouvez-vous nous éclairer davantage sur ses missions essentielles ?
La CEA est l'une des cinq missions régionales économiques des Nations unies. Elle a trois missions. Une première mission de think tank, de centre de réflexion sur les tendances, sur les changements et les mutations globales. Elle intervient pour la réalisation d'études d'impact et la formulation de recommandations à adopter par les pays membres pour faire face aux changements.
Une deuxième mission de mobilisateur. Nous travaillons à amener toutes les parties prenantes pour traiter et prendre position d'un thème particulier. Je peux citer la zone de libre-échange continentale, qui a fait objet de beaucoup de travail technique jusqu'à la ratification de l'accord. Une troisième mission de conseil ciblé sur un thème bien déterminé ou selon la demande. Nous avons eu, par exemple, une demande de la part de la Mauritanie pour améliorer son système de statistiques. La Tunisie a fait appel à nous pour la réalisation d'une étude d'impact sur l'Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) et qui est encore en cours d'élaboration.
Je précise que la CEA est une institution régionale qui étudie les thématiques et les problématiques d'une vision régionale. Donc nous n'avons pas beaucoup d'interventions sur un pays en particulier. Nous intervenons au niveau des politiques, des stratégies, des orientations, qui permettent aux pays d'avoir un meilleur environnement pour la transformation structurelle de leur économie.
La CEA a adopté cette année un nouveau cadre stratégique. Pourquoi ce changement et quels sont les points essentiels qui ont été développés?
L'adoption d'un nouveau cadre stratégique répond à des changements au niveau global. Nous avons intégré dans le nouveau cadre plus d'orientations et de travail avec le secteur privé sur les sources de financement et les mécanismes novateurs de financement et la mobilisation de ressources. Nous avons également focalisé sur l'intégration régionale, l'appui aux pays africains dans l'ouverture des marchés et l'encouragement du commerce intra-africain.
Ce sont de grands changements. Il s'agit d'un cadre stratégique qui répond mieux aux besoins des pays membres et qui repositionne la CEA vis-à-vis des réformes qui sont en train d'être mise en place au niveau des Nations unies et des changements au niveau global, afin de redonner un peu plus de poids aux pays africains et au continent africain.
Les enjeux économiques pour la zone de l'Afrique du Nord sont assez importants. Quel est le rôle de la CEA dans l'appui des politiques économiques des pays membres ?
Notre rôle est de réaliser des analyses approfondies. Récemment, nous avons réalisé une étude sur la qualité des institutions et la distorsion en termes d'allocation des ressources. Les petites entreprises trouvent des difficultés colossales à pérenniser leurs activités. L'étude a relevé que les réglementations qui sont en place ne sont pas en faveur des petites entreprises. Il existe des lourdeurs auxquelles elles ne peuvent pas faire face, en termes d'accès au financement et de garantie. Ceci fait que les allocations de ressources s'orientent vers des secteurs moins productifs et moins compétitifs.
Par ce genre d'analyses et d'études, nous exposons aux pays membres les problématiques et les solutions potentielles, proposées par nos experts. Cela leur permet d'avoir des réponses afin de surmonter les difficultés auxquelles ils font face et de corriger les politiques adoptées.
La question de l'intégration régionale reste problématique. Quel apport de la CEA dans la détermination des visions encourageant les pays membres à mieux exploiter le potentiel d'une telle intégration ?
Il faut dire que plusieurs accords régionaux existent dans le but de renforcer le libre-échange entre les pays. Je cite la Grande zone arabe de libre-échange (Gafta), l'Union du Maghreb arabe qui ne sont pas fonctionnels. Il existe beaucoup d'obstacles au commerce qui sont érigés entre les pays et n'encouragent pas les échanges commerciaux.
Malgré cela, nous avons travaillé depuis deux ou trois ans sur les chaînes de valeur régionales. Cette année, nous avons travaillé sur dix secteurs et sous-produits pour évaluer le potentiel réel des échanges entre les pays de l'Afrique du Nord. Ce potentiel existe effectivement. Nous allons présenter cette étude auprès des pays et nous allons voir s'ils vont suivre nos recommandations.
Cela dit, bien que le niveau des échanges soit assez faible, il existe une tendance positive ces dernières années concernant les échanges inter-pays. Maintenant, il faut aller précisément dans des secteurs et des produits particuliers et mesurer le potentiel existant. Il faut commencer à travailler avec les gouvernements pour éliminer les obstacles, qui sont essentiellement non tarifaires et concernent d'une façon générale les standards techniques, les normes phytosanitaires. Il y a des normes qui ne sont pas harmonisées, des procédures qui freinent et qui présentent un risque commercial dans les transactions. Ceci ne nie pas l'existence d'un grand potentiel. Nous avons décelé des opportunités croisées dans plusieurs secteurs d'activités, comme le textile et l'habillement, les pièces automobiles, l'agroalimentaire, etc.
L'emploi des jeunes est une problématique stressante à laquelle fait face l'ensemble des pays de l'Afrique du Nord. Comment vous appréhendez cette question à la CEA ?
En effet, cette question est un domaine de spécialisation de la CEA. Nous avons choisi ce thème parce que nous sommes convaincus qu'il existe des domaines qui n'ont pas encore été bien étudiés. Selon les études faites par la Banque mondiale et les Nations unies, nous remarquons que nos économies ne sont pas créatrices d'emplois.
Nous avons commencé à étudier de plus près les facteurs inhibiteurs. Est-ce le fait de travailler sur des secteurs qui ne sont pas nécessairement créateurs d'emplois ou le fait d'être en bas de la chaîne de valeur alors que nous avons des jeunes qui sont bien formés, bien éduqués et qu'il faut aller vers de secteurs de plus grande valeur ajoutée ? Ce sont des suppositions. Nous allons approfondir la réflexion et essayer de regarder les aspects qui n'ont pas été suffisamment étudiés pour pouvoir apporter une vision différente ou des propositions différentes en termes de politiques.
En relation avec la question de l'emploi, la migration et essentiellement la fuite des cerveaux constituent des problématiques qui inquiètent les pays de l'Afrique du Nord. Comment mesurez-vous l'impact sur leurs économies ?
Il faut préciser que les flux migratoires vont dans les deux sens. Si un jeune ne trouve pas d'opportunités dans son pays d'origine, il va essayer de partir. Il est difficile d'endiguer la problématique de la fuite des cerveaux si nous n'arrivons pas à créer des opportunités. Mais d'une façon générale, nous pensons que les flux migratoires peuvent être vus d'un point de vue positif et non pas seulement négatif. Les personnes qui émigrent vont contribuer par la suite au développement de leur pays d'origine, ils vont ramener des compétences, des investissements.
Plusieurs analyses ont montré que les gens qui partent sont toujours intéressés par leur pays d'origine et veulent contribuer à son développement. Donc, il est intéressant d'avoir des politiques qui peuvent rentabiliser ce retour. Au lieu d'avoir des transferts d'argent qui vont dans la consommation et dans des domaines non productifs, il est intéressant de les diriger vers des domaines productifs, qui vont générer une dynamique économique.
La réunion va aborder la question de l'économie bleue, qui reste un secteur faiblement exploité dans la région. Quel potentiel aurait ce secteur pour le renforcement du développement économique des pays membres ?
Nous avons élaboré un questionnaire qui a été envoyé aux pays membres pour comprendre la situation actuelle concernant cette question. Nous n'avons pas eu un énorme succès en termes de réponses. Nous allons mettre cette question sur la table au Comité intergouvernemental d'experts pour mesurer l'intérêt des pays et approfondir l'analyse.
Ce qui est clair est qu'il existe deux tendances, soit les pays ne tirent pas le potentiel de la mer, soit il existe une surexploitation et donc des risques environnementaux dont ils ne tiennent pas compte. Si nous arrivons à avoir la validation des pays membres, nous allons étudier deux secteurs importants dans l'économie bleue qui sont le transport maritime et le tourisme. Il s'agit également de voir la possibilité d'appliquer les principes de pérennité et de durabilité dans les pays de la zone pour faire en sorte que ce soit une contribution économique positive et en même temps durable, en préservant l'environnement et la nature.


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