Après la révolution populaire, le dispositif national des droits de l'Homme allait connaître un renforcement et une diversification dépassant les prévisions les plus optimistes et parfois même les plus pessimistes aux yeux des conservateurs et des islamistes Le 10 décembre 1948, au Palais de Chaillot, à Paris, les 58 Etats membres qui constituaient alors l'Assemblée générale des Nations unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme. Depuis, la Journée des droits de l'Homme commémorant cet événement majeur de l'histoire de l'humanité est célébrée chaque année dans tous les pays Traduite dans plus de 500 langues ou dialectes, cette déclaration est, aujourd'hui, pour des milliards de citoyens du monde, une référence unique pour promouvoir l'exercice universel des droits de l'Homme. Elle est l'héritière internationale de la «Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen» de la Révolution française, proclamée le 26 août 1789. Elle est venue comme une réaction des peuples et nations du monde suite aux atrocités de la Seconde Guerre mondiale, afin d'épargner aux humains des souffrances similaires à l'avenir. Face à la guerre et même dans la guerre Depuis, même si les guerres n'ont pas cessé d'être un recours fréquent dans les conflits les plus divers, qu'ils soient internationaux ou internes, elles sont désormais l'objet de législations internationales et de conventions diverses qui tentent de limiter les souffrances des hommes par diverses législations et conventions internationales, alors que le recours aux armements et pratiques de destruction massive est totalement prohibé. Mais cela est malheureusement, parfois, le prétexte à des accusations peu vérifiables brandies par les plus puissants. La Tunisie fête la Déclaration des droits de l'Homme depuis très longtemps, soit depuis l'indépendance du pays, mais son extension aux droits quotidiens des citoyens, comme la liberté d'expression, ne s'est imposée que graduellement grâce à des initiatives militantes qui ont rencontré diverses contrariétés et contraintes. A l'image du groupe des destouriens dissidents ayant fondé l'hebdomadaire militant «Er-Raï». L'avènement de la Ltdh La fondation de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (Ltdh) en 1978 a représenté une étape importante dans l'avènement du dispositif de ces droits en Tunisie. Démarrée sur la base d'un consensus entre personnalités de divers bords politiques ayant en commun un attachement aux principes démocratiques, dont certains destouriens, la Ltdh s'ouvrira rapidement à la gauche, sous la houlette de Khémaïs Chamari, puis à la gauche radicale qu'illustrera Mokhtar Trifi, son président sur plusieurs années vers la fin de l'ère Ben Ali. L'hommage que le président de la République vient de rendre à ces deux personnalités est exhaustif des rôles importants qu'ils ont joués, le premier dans l'implantation populaire de la Ligue en tant qu'organisation plurielle indépendante, le second comme artisan de sa résistance jusqu'à la révolution. Les bonds d'après la révolution Après la révolution populaire, le dispositif national des droits de l'Homme allait connaître un renforcement et une diversification dépassant les prévisions les plus optimistes et parfois même les plus pessimistes aux yeux des conservateurs et des islamistes. Ces nouvelles ouvertures vont se matérialiser, suite aux compromis introduits dans le texte de la Constitution, par une reconnaissance franche de la liberté de conscience, puis une vive protection juridique de l'intégrité physique et son inviolabilité, puis le libre choix de son conjoint et la suppression des réserves émises par la Tunisie au moment de la signature de certaines conventions internationales omme la Cedaw. Aujourd'hui, il ne se passe pas une semaine sans qu'un nouveau projet de loi n'atterrisse à l'Assemblée des représentants du peuple, soumettant tel ou tel nouveau droit, interdisant la torture, combattant la corruption, traquant les trafics d'êtres humains ou les auteurs de violence contre les femmes, améliorant la protection des malades, des mineurs, des handicapés... Ce alors que les femmes, qui bénéficient d'un statut égalitaire par rapport aux hommes, ont vu la parité électorale leur accorder les mêmes chances d'accéder aux mandats électifs. Enfin, l'égalité en héritage fait l'objet d'un projet de loi optionnel déjà adopté en Conseil des ministres, qui est désormais soumis à l'Assemblée.