Alors que plusieurs destinations touristiques, comme la Tunisie, cherchent à attirer les touristes, à Amsterdam, Barcelone, Palma de Majorque, Budapest ou encore Dubrovnik, les responsables du tourisme peinent à trouver des solutions pour gérer les flux de visiteurs qui inondent leurs villes et se trouvent confrontés à un phénomène connu sous le nom d'«over-tourisme». Le «sur-tourisme» est, désormais, au cœur des préoccupations en Europe. Le thème, « over-tourisme » a été abordé durant le 10e forum du Seto à Deauville, tenu les 12 et 13 décembre dernier. Il a été l'occasion pour dévoiler le dernier baromètre du tour-operating 2017-2018, les perspectives de l'hiver et les actualités du Seto. Ce même thème sera évoqué à Madère, lors du congrès des entreprises du voyage. Car, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), « 95% des voyageurs vont sur 5% de la planète». Des mesures ont déjà été prises pour les sites touristiques afin de mieux gérer les flux touristiques, et ce, par la mise en place de quotas, comme à l'Alhambra de Grenade ou au Machu Picchu. La solution était d'acheter les billets à l'avance. Selon les spécialistes, le sur-tourisme a donné naissance à d'autres notions comme la « tourismophobie ». Depuis 2016, cette appellation exprime le ras-le-bol des populations locales vis-à-vis de cette « invasion » de touristes. Autre nouveau lexique, l'« anthropotourisme », qui permet d'associer les habitants à la façon de gérer les flux touristiques. De plus en plus de destinations touristiques imposent des mesures restrictives à leurs touristes, à l'image d'Amsterdam récemment. Il a été, alors, décidé d'augmenter les taxes touristiques et bannir les cars et les bateaux du centre-ville. Idem à Bayonne où les fêtes sont devenues payantes en mai 2018. Longtemps vus comme des portefeuilles sur pied, les touristes seraient-ils devenus indésirables? Selon Maria Gravari-Barbas, directrice de la chaire Unesco « Culture, tourisme, développement », « Il y a une volonté que le tourisme se produise différemment, notamment dans les territoires urbains. A priori, la plupart des villes prisées par les touristes veulent même davantage de touristes. Mais il faut comparer cela avec ce qui se passe dans le secteur industriel. Il est difficile de croire qu'on est contre le développement industriel de façon générale. Par contre, personne n'accepterait qu'il y ait une industrie polluante en centre-ville. Depuis longtemps, on planifie l'industrie pour que cette activité soit rentable sans faire de dégâts. Mais dans le tourisme, ce type de raisonnement fait défaut». Selon la responsable, il faut faire une distinction entre le tourisme de masse, présent depuis les années 1960, et le phénomène difficilement identifiable de « l'over-tourisme », en plein développement depuis l'essor des compagnies low-cost et des plateformes d'hébergement en ligne. A qui la faute ? Les raisons à ce phénomène sont nombreuses. La plus évidente est qu'il y a plus de touristes aujourd'hui que jamais auparavant. Le monde s'enrichit, avec une classe moyenne en pleine croissance émergeant dans les pays en développement, et beaucoup de ces personnes revoient leur budget à la hausse pour voyager. Des données récentes annoncent que la classe moyenne mondiale pourrait se situer actuellement aux alentours de 3,7 milliards de personnes, et s'enrichirait de 160 autres millions de personnes chaque année. Il s'agit là de voyageurs potentiels. Egalement, de récentes études montrent que les jeunes, entre 22 et 37 ans, comptent parmi les grands voyageurs, et plutôt que d'acheter des téléviseurs, des vêtements… les jeunes d'aujourd'hui s'intéressent aux voyages. Les actes terroristes sont à l'origine du Boum de voyages sur certaines destinations mondiales. L'over-tourisme observé dans le sud de l'Europe est dû au fait que nombre de voyageurs souhaitent éviter des destinations comme l'Egypte ou la Turquie en raison des risques d'attentats. Ils se reportent donc sur le côté nord du Bassin méditerranéen. Doit-on alors rendre les touristes élitistes en jouant sur les prix ? Ou doit-on repenser le partage des touristes selon de nouvelles normes, de nouveaux produits et concepts ? Le débat reste ouvert...