BOMBAY (Reuters) — Arrivé hier à Bombay, première étape d'une tournée en Asie essentiellement consacrée à l'économie, Barack Obama a rendu hommage aux victimes des attaques de novembre 2008 mais, en s'abstenant de toute référence au Pakistan, le président américain a suscité un début de controverse. Les commandos qui ont semé la terreur 60 heures durant dans la capitale économique de l'Inde, faisant 166 morts, venaient du Pakistan et les autorités indiennes sont persuadées que certains pans du pouvoir pakistanais sont impliqués. "Nous nous rendons sur ces lieux pour adresser un message très clair : dans notre détermination à fournir à nos peuples un avenir de sécurité et prospérité, les Etats-Unis et l'Inde se tiennent unis", a dit Barack Obama dans le luxueux hôtel Taj Mahal, dont les murs noircis par les flammes étaient devenus le symbole de l'attaque de 2008. L'Inde attendait un discours fort contre le Pakistan. Mais Obama a choisi de ménager son allié, en première ligne dans la guerre en Afghanistan, ce qui a surpris les commentateurs indiens. "C'était une déclaration prudente", a commenté l'analyste Mahroof Raza sur une chaîne de télévision. "L'absence de mention du Pakistan souligne que le Pakistan est crucial pour la politique afghane des Américains et que le Pakistan ne sera par conséquent pas mis devant ses responsabilités", a-t-il ajouté. Doper les exportations américaines Mais la tournée entamée hier en Inde sera pour l'essentiel dominée par les dossiers économiques. Le président démocrate, qui a subi cette semaine une "raclée" — selon ses propres termes — aux élections de mi-mandat, espère mettre à profit ce déplacement de dix jours dans quatre pays d'Asie pour doper les exportations américaines et créer des emplois aux Etats-Unis. Le marasme de l'économie américaine est avancé comme l'un des facteurs majeurs de l'alternance à la Chambre des représentants. "Les Etats-Unis voient l'Asie, particulièrement l'Inde, comme le marché de l'avenir", a déclaré Obama lors d'une réunion d'hommes d'affaires indiens et américains. "On caricature encore l'Inde comme un pays de plates-formes téléphoniques et de back-offices qui coûtent des emplois aux Américains. Mais ce sont de vieux stéréotypes, de vieilles craintes qui ignorent les réalités d'aujourd'hui", a estimé le chef de la Maison-Blanche. Celui-ci est attendu aujourd'hui à New Delhi. Après l'Inde, où il doit passer trois jours et demi — son plus long séjour officiel à l'étranger depuis son arrivée à la présidence —, Obama est attendu en Indonésie, en Corée du Sud, pour le sommet des pays du G20, et au Japon. "L'objectif premier de ma visite en Inde est d'emmener avec moi une pléiade de responsables d'entreprises américaines pour pouvoir vendre nos produits en Asie, qui fait partie des marchés les plus prometteurs au monde en termes de croissance", avait-il dit jeudi à Washington. "Notre mission est de créer des emplois ici, aux Etats-Unis." La Maison-Blanche a annoncé hier que les contrats d'ores et déjà finalisés avec l'Inde par les entreprises conviées à ce voyage atteignaient dix milliards de dollars, ce qui représente 54.000 emplois, a précisé Michael Froman, conseiller de la présidence. Le Président Obama devrait aussi plaider pour une plus grande ouverture aux entreprises américaines du gigantesque marché indien, où vivent 1,2 milliard de personnes, et annoncer en retour un allègement des contrôles exercés aux Etats-Unis sur les importations de produits indiens. Les échanges commerciaux indo-américains, en pleine expansion, ont triplé au cours des dix dernières années pour atteindre 36,5 milliards de dollars, mais les Etats-Unis sont passés de la place de premier partenaire commercial à celle de troisième.