Les services spécialisés sont beaucoup plus dans l'anticipation. A cet effet, 19 lettres contenant une substance toxique et mortelle ont été interceptées. Des professionnels des médias, des syndicalistes et d'autres personnalités publiques sont visés par ce plan machiavélique Quelques mois après l'échec cuisant de l'attentat perpétré par une kamikaze en plein centre-ville de Tunis, les terroristes ne semblent pas à court d'idées. Ils ont opté pour un nouveau modus operandi qui rappelle la série d'attaques à l'aide d'enveloppes contaminées au bacille du charbon juste après les attentats du 11 septembre 2001. Ces enveloppes étaient destinées à des sénateurs et des médias dans la ville de New York. Pour la première fois de l'histoire du pays, le terme de bioterrorisme est sur les langues de nos experts relevant des services spécialisés qui n'ont jamais exclu, professionnalisme l'exige, le recours à de tels produits pour fomenter un acte terroriste. Des attentats à l'aide d'agents biologiques, qui l'eût cru ? Mais c'était sans compter sur l'extrême vigilance des services du ministère de l'Intérieur qui s'attendaient à un changement du mode opératoire des terroristes à tout moment. Et c'est suite à un long et méticuleux travail de suivi et d'investigation ainsi que de recoupement de renseignements effectué par les services spécialisés que le macabre plan des terroristes a été déjoué après coordination avec le parquet au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. Selon un communiqué publié par le ministère de l'Intérieur, les services de la direction générale de la sécurité nationale ont pu intercepter 19 lettres qui contenaient des substances toxiques. Ces lettres étaient destinées à des personnalités publiques. Elles ont été soumises à l'analyse des services spécialisés qui ont confirmé leur caractère toxique, précise encore le communiqué. Le ministère ajoute que l'unité nationale d'investigation des crimes terroristes et des crimes organisés portant atteinte à la sécurité du territoire national relevant de la Direction générale des services spécialisés (Dgss) a pris en charge l'enquête dans cette affaire. Le ministère de l'Intérieur a appelé les hommes politiques, les professionnels des médias, les syndicalistes et autres personnalités publiques à informer leurs services sur tous les objets suspects. Ce plan machiavélique visait des personnalités publiques notoires en vue d'installer un climat d'instabilité dans notre pays qui reste sous la menace des groupes terroristes, comme d'ailleurs la plupart des pays du monde entier qui font face à l'hydre terroriste. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur Soufiane Zaâg a expliqué que la substance toxique découverte est dangereuse et mortelle, conseillant aux personnalités politiques, syndicales et aux journalistes de rester vigilants et ne pas ouvrir les lettres reçues, notamment celles adressées par des parties inconnues. Aucune autre information n'a été communiquée par le ministère de l'Intérieur pour ne pas contrecarrer le bon déroulement de l'enquête. La mise en échec de ce plan terroriste survient après le démantèlement, il y a un mois, d'un très dangereux groupe terroriste structuré et bien organisé à Sidi Bouzid, composé de huit éléments, sous l'appellation de «Katibat Al-Jihad et de l'unification» et au moment où les terroristes sont, plus que jamais, acculés à se calfeutrer dans les grottes des montagnes. Hichem Fourati, ministre de l'Intérieur : «La situation sécuritaire est globalement stable» Le ministre de l'Intérieur, Hichem Fourati, a indiqué hier que les lettres contenant des substances toxiques envoyées à des personnalités publiques «est un fait sans précédent en Tunisie». Si ces lettres n'avaient pas été interceptées, «cela aurait été une catastrophe», a-t-il dit. Présidant hier la célébration de la journée mondiale de la Protection civile, le ministre de l'Intérieur a déclaré aux médias que les 19 lettres contenant des substances suspectes ont été analysées dans les laboratoires des services spéciaux. «Lesquelles analyses, a-t-il expliqué, ont montré qu'elles se présentent sous forme de mélange causant, en cas d'inhalation, des dommages à la personne ciblée». Il a appelé les personnalités officielles et publiques à faire preuve de vigilance et de précaution, rendant hommage aux unités de sécurité pour avoir déjoué ce plan. Sur un autre plan, le ministre de l'Intérieur a affirmé que la «situation sécuritaire est globalement stable en Tunisie», relevant toutefois que la précaution reste de mise au niveau des zones frontalières à l'ouest et à l'est du pays. «La menace est écartée mais les unités sécuritaires sont vigilantes», a-t-il assuré. Il a également mis l'accent sur la préparation des unités sécuritaires en prévision des prochaines échéances à l'instar du sommet arabe, de la réunion du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur et de la Justice, outre les activités sportives. Le ministère de l'Intérieur a annoncé jeudi soir que les services de la Direction générale de la sécurité nationale a «réussi à intercepter 19 lettres contenant des substances toxiques, après une opération anticipative menée en coordination avec le parquet près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme faisant état d'un plan terroriste visant des personnalités publiques». Les lettres suspectes ont été soumises à l'analyse des services spécialisés qui ont confirmé leur caractère toxique, a précisé le ministère, relevant que l'unité nationale de recherche et d'investigation dans les crimes terroristes et les crimes organisés portant atteinte à la sécurité du territoire national s'est saisie de l'enquête.