Des membres de l'Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (Ijaba) ont pénétré dans l'hémicycle et perturbé le déroulement de la séance plénière prévue hier pour débattre de l'affaire relative au décès de nourrissons à l'hôpital de La Rabta. Le désordre s'installe. Le chef du gouvernement boude la séance plénière. Plusieurs députés accusent la présidence de l'ARP d'être le premier responsable de cet incident inédit et mettent en garde contre ses répercussions sur les institutions démocratiques de l'Etat. Une journée tendue hier à l'ARP. La séance plénière prévue pour l'audition du chef du gouvernement sur l'affaire du décès de nourrissons à l'hôpital de La Rabta a mal tourné. Ponctuée par le surgissement d'événements inopinés, la séance d'audition a été finalement annulée. Interrompu par des huées des membres du syndicat Ijaba au moment où il allait entamer son discours sur l'affaire qui a provoqué un tollé médiatique, le chef du gouvernement, M. Youssef Chahed, ainsi que toute son équipe ministérielle ont boudé la séance plénière et ont quitté l'Assemblée en signe d'opposition. «En tant que gouvernement, nous avons respecté le Parlement. Tous les membres du gouvernement ont répondu présent au rendez-vous. Le désordre, l'absence d'organisation et le non-respect de la réglementation interne de l'ARP ont entravé le déroulement des travaux parlementaires. Le gouvernement n'a aucune responsabilité dans ce qui s'est passé aujourd'hui. Cela le dépasse. Après plus de quatre heures d'attente durant lesquelles nous avons tenu à résoudre des problèmes qui ne relèvent pas de la responsabilité gouvernementale, nous voilà incapables de travailler dans un environnement aussi chaotique. Nous serons prêts à coopérer lorsque le Parlement affiche sa volonté de débattre des problématiques qui minent le secteur de la santé de base en Tunisie», a souligné le chef du gouvernement dans une déclaration aux médias en quittant le Parlement. Chroniques d'une journée tendue 10h00 à l'hémicycle de l'ARP. L'équipe gouvernementale prend place en l'absence du chef du gouvernement. Le hall de réception est squatté par les agents et les fonctionnaires administratifs du Parlement revendiquant l'activation de l'accord conclu en 2018 avec la présidence de l'ARP qui leur ouvre droit à une prime spécifique. Entretemps, le bureau du Parlement tient une réunion au cours de laquelle le président de l'ARP, M. Mohamed Ennaceur, ainsi que le chef du gouvernement M. Youssef Chahed, ont mené des négociations avec des représentants syndicalistes du Parlement en présence de députés de différents blocs. Après plus de trois heures de pourparlers, le secrétaire général du syndicat de base du parlement, Abdelbasset Hasnaoui, annonce le dénouement. Au terme des négociations entre les présidents des divers blocs parlementaires sur un éventuel report de la séance plénière, le chef du gouvernement gagne l'hémicycle. Tout en saluant les efforts du chef du gouvernement, le président de l'ARP annonce l'engagement des deux présidences à appliquer les dispositions de l'accord, vendredi prochain au plus tard. Alors que le chef du gouvernement s'apprêtait à prononcer son discours, tant attendu par l'opinion publique, des voix de protestation s'élèvent. Des députés appellent à l'ouverture d'une enquête Des membres du syndicat Ijaba entrent dans l'hémicycle et perturbent la marche des travaux parlementaires. «Nous sommes des professeurs universitaires», ne cesse de répéter l'une des syndicalistes présents. L'équipe gouvernementale, les députés et les agents de l'ARP sont surpris par cette intrusion, la tension et le chaos s'installent. M. Youssef Chahed ainsi que toute l'équipe ministérielle quittent l'hémicycle en guise d'opposition au désordre qui régnait lors de la séance. Après leur réunion en huis clos, les députés des deux blocs parlementaires, à savoir la Coalition nationale et Machrou Tounès, ont tenu un point de presse au cours duquel les présidents des deux blocs ont mis en garde contre la gravité des incidents successifs qui ont entravé la tenue de la séance. Ils ont également appelé la présidence de l'ARP à ouvrir une enquête et déterminer les responsabilités. «Ce qui s'est passé aujourd'hui au Parlement est une première. Nous soutenons l'action syndicale. Mais ce qui s'est passé aujourd'hui constitue une transgression de la loi, en l'occurrence le règlement intérieur de l'ARP. Le chef du gouvernement ne peut pas travailler dans un climat tendu. Il est plus que probable que l'intervention qui a eu lieu a été fomentée au préalable. Ce désordre menace la démocratie incarnée par le respect des institutions de l'Etat», a déclaré Mustapha Ben Ahmed, chef de la Coalition nationale.