Sur une scène dépouillée, meublée d'un tas de feuilles d'automne, une masse corporelle se meut. Contorsions, glissements, déroulements... Un corps "décapité", sans visage, étrange, informe se lance dans un corps-à-corps avec les planches, éclairé par une lumière rouge qui le sculpte et accentue ses torsions. Puis, la tête se dévoile et le visage se dévisage au surgissement de la lumière blanche. La danseuse se déshabille en partie et le fond sonore monte en rythme. Et les mouvements de s'élancer et de s'accélérer sans suivre pour autant le tempo de la musique qui, par ailleurs, vire d'un genre à un autre. Pendant quinze minutes, durée de ce solo conçu et interprété par Cyrine Douss et présenté mercredi dernier à Mad'Art Carthage, dans le cadre des Journées de la danse contemporaine, des mouvements dansants manquant de souplesse et de fluidité s'enchaînent, venant altérer la plasticité caractéristique de ce type de spectacles. Les silences répétitifs et mal exploités que vient rompre le crissement du corps sur les planches troublent, voire dérangent. A lire la présentation de"MéTa", les prétentions esthétiques de l'artiste sont ambitieuses, et les soubassements conceptuels semblent intéressants. Mais malheureusement, la chorégraphe a eu du mal à les exprimer et à nous les transmettre et nous avons vraiment eu du mal à adhérer. En somme, le corps se meut selon des mouvements dansants, mais n'émeut pas. Point. Avec "MéTa", Cyrine Douss nous a proposé un essai chorégraphique, à dire vrai, très peu convainquant. Mais les Journées de la danse contemporaine ne sont-elles pas justement une occasion pour les jeunes chorégraphes tunisiens en mal d'espaces, de structures et de moyens, de se confronter au public et de pouvoir avancer ?