La nomination de Jaloul Ayed, grand commis de l'Etat, au portefeuille des Finances dans le cadre d'un processus démocratique en cours avec la formation d'un gouvernement d'union nationale, émane de sa part d'une ardente volonté à servir et à défendre l'intérêt suprême du peuple à un moment décisif où toutes les énergies se trouvent engagées et profondément déterminées à faire un choix, celui convergeant vers un idéal infiniment au-dessus de tous les autres et sauver ainsi la patrie. Jaloul Ayed est une figure pas assez connue du grand public, du moins de la majorité, qui éveille l'intérêt et même la surprise. Le nouveau ministre des Finances s'est rapidement imposé dans le paysage bancaire marocain en premier, et plus tard en Europe comme un élément qui, par enchantement, possède de véritables dons qui relèvent, et sans exagération aucune, du miracle, au point de le prédisposer à mener à bien, à partir de Londres, un projet financier euro-africain inédit et très ambitieux. Dans le répertoire bien fourni en réussites et compétences tunisiennes établies à l'étranger, celle du nouveau ministre laisse perplexe. Son extraordinaire ascension dans le domaine de la finance, dans un pays qui n'est pas le sien, a été des plus fulgurantes. Dans son itinéraire qu'on croyait tracé d'avance, voilà que le destin de ce banquier, né pour voltiger avec les opérations financières, bifurque sur une voie de garage qui, contrairement à ce qui est supposé, s'ouvre sur des échappées d'une surprenante beauté, dignes de ses insoupçonnables talents de compositeur féru d'envolées musicales. Particulièrement sensible au synchrétisme de la culture et de l'économie, inscrit dans ses gènes, Jaloul Ayed s'est révélé sur le tard un compositeur de musique classique de génie. Pour preuve, ses symphonies concertantes ont été jouées par des maîtres incontestés de la musique philharmonique en Europe. Cette disposition toute naturelle à réussir tout ce qu'il entreprend lui confère le pouvoir d'avoir les coudées franches pour agir au mieux des intérêts des institutions financières dont il a la charge, ainsi que la faculté de s'autoriser une entière liberté dans sa quête de l'excellence. Président du directoire de BMCE capital (Banque marocaine du commerce extérieur) et directeur général de BMCE Bank, Jaloul Ayed a largement contribué à la success story du groupe BMCE à l'échelle internationale. Après une licence en sciences économiques à l'université de Tunis et un master en économie à l'université du Maryland, il poursuit d'autres études en Floride, couronnées par l'une des distinctions américaines les plus prestigieuses, la Phi Kappa Phi Honour Society. C'est à la Citibank qu'il débute sa carrière en 1980 en tant que cadre stagiaire. Cinq ans plus tard, il est nommé directeur général pour toute la région. Il part ensuite à Dubaï où il exercera les fonctions de directeur général en charge de la Corporate Bank. En 1990, il s'installe au Maroc comme administrateur délégué de Citibank Maghreb. La succursale marocaine de cette banque connaissait quelques difficultés. Comme cette période coïncidait avec la guerre du Golfe, cette nomination ne pouvait mieux tomber. Ainsi, il s'est trouvé placé à la tête de Citicorp. Les débuts étaient difficiles mais, par la suite, il s'est intégré et s'est fait beaucoup d'amis. A l'époque, la politique de la Citibank n'était pas fondée sur le développement des relations avec les entreprises locales. Dans ce sens, cela relevait d'une irresponsabilité à l'origine des limitations en termes de capitaux ainsi que de bien d'autres dysfonctionnements opérationnels. C'est alors qu'il formule un plan d'action qui sera adopté. A la même époque, le Maroc menait des négociations dans le cadre du club de Londres pour le rééchelonnement de sa dette. Sa profonde connaissance des grands groupes marocains lui permet d'introduire l'ONA sur le marché international. Ce haut fait a été très apprécié par l'establishment marocain, puisque pour la première fois, un groupe marocain accède aux marchés des capitaux internationaux, et ce, sans garanties bancaires ou étatiques. C'était une grande source de fierté pour le groupe ONA à laquelle a largement contribué Jaloul Ayed. En 1996, Citibank l'envoie à Londres comme Senior Banker. Mais deux ans plus tard, le PDG de la BMCE lui demande de revenir au Maroc pour créer un pôle banque d'affaires, BMCE Capital. L'occasion idéale de réaliser un vieux rêve, celui de jouer un rôle dans le développement et dans l'intégration des systèmes financiers au Maghreb et en Afrique. Stimulé par l'honneur qui lui est fait, il s'attelle à la tâche de privatiser la BMCE. Il y contribue en vertu du fait qu'il était déjà le patron de Citibank. Aiguillonné par ce succès, il se lance à bras-le-corps dans l'expansion internationale de la diversification de la BMCE. Grâce à ses soins et en dix ans d'exercice, il monte la première salle des marchés au Maroc aux normes internationales, lance une quinzaine de filiales et ouvre la voie avec le premier fonds indiciel, la première filiale d'une banque marocaine en Afrique subsaharienne. Il multiplie les implantations au Maghreb et en Afrique francophone. Après BMCE Capital Sénégal, il inaugure le 31 mai 2006 une filiale tunisienne Axis Capital Tunes, avant d'ouvrir une antenne à Yaoundé, Alger, Tripoli, Libreville, Nouakchott. Un positionnement conforté par la création à Londres d'une banque d'affaires dédiée à la Méditerranée et l'Afrique, Medi Capital Bank, ainsi que le rachat en cours de 35% de Bank of African. Ainsi donc et sous sa férule, le groupe marocain BMCE est en train de préparer une grosse opération qui aboutira à la création d'un nouvel acteur international dans le domaine de la finance, à cheval sur l'Europe et l'Afrique. Il s'agit de la convergence escomptée entre les deux filiales du groupe marocain Bank of Africa d'un côté et la plateforme européenne de la BMCE de l'autre. Voici grosso modo le portrait de ce virtuose de la finance, appelé à assainir aujourd'hui un domaine qu'il maîtrise superbement et mener un travail de restructuration et de réajustement organisationnel afin d'atteindre l'équilibre financier dans une première étape, et assurer une profitabilité pérenne à l'avenir.