Si les systèmes devraient prendre forme pour l'équipe de Tunisie, l'accomplissement devrait pour autant monter d'un cran. Le sentiment du devoir accompli se révélera alors trop fort. Mais la vérité du terrain restera toujours la même. Comme toute équipe qui veut se donner de la valeur, tout en respectant les principes d'une évolution sur des bases solides, la sélection devrait renaître à un monde nouveau en dépit des défaillances et des faiblesses qui ne prendront pas fin d'un jour à l'autre. Nous aimons à penser qu'elle ira encore plus loin dans l'affirmation de ses nouvelles idées, de ses nouvelles convictions. Nous serons heureux, probablement comme tous les puristes, qu'elle puisse retrouver sa vocation et ses vertus. Et ça ne peut être finalement qu'un signe très fort. Un signe de fierté pour une équipe plus que jamais appelée à professer la bonne " parole ", partout où elle devrait passer… Mais toute considération, quelle que soit sa nature et quelle que soit sa portée, risque toujours de s'incliner devant les faits et la réalité sportive. La réalité est que la sélection a disputé au Soudan deux matches avec deux prestations différentes. Deux matches qui sont loin de pouvoir se ressembler et encore moins disposer des mêmes principes de jeu. Comment rassembler les deux bouts? Peut-on faire le lien entre l'équipe qui a connu tellement de frustrations lors du premier match, et celle qui s'est libérée au suivant? L'on sait, sans doute, dans les épreuves africaines plus qu'ailleurs, que les bons résultats ne sont pas seulement liés au côté sportif, que le mérite et tout ce qui en découle ne s'acquièrent qu'au fil de l'abnégation, du surpassement dans l'effort, mais aussi de la créativité, de l'inspiration, loin des contraintes techniques excessives et des obligations de jeu parfois étouffantes. Avec de la réflexion et aussi de la spontanéité, l'équipe l'équipe de Tunisie devrait se libérer et instaurer une autorité fondée sur l'affirmation d'un tempérament et sur un capital confiance. L'entre-deux!… Le modèle incontournable qu'elle serait tentée à reproduire, elle ne devrait pas aller le chercher du côté d'autres expériences. Assumer le poids de tout ce qui était de nature à s'acquérir ne serait pas certainement facile à mettre en place. Mais la remise en question dont aurait vraiment besoin la sélection devrait inéluctablement servir pour produire un nouvel état d'esprit. De nouvelles prérogatives… Le secret d'une éventuelle métamorphose n'est pas au fond difficile à expliquer, et encore moins à décrypter. A travers une pareille évolution, cette opportunité devrait être saisie comme un élément majeur, en assumer aussi la portée et en proclamer la diversité avec de nouvelles alternatives tout en parvenant à s'adapter aux exigences et aux obligations de la compétition africaine. En effet, se valoriser aujourd'hui par rapport aux contraintes africaines, voilà un exercice de vérité en direct, sans barrières et certainement sans préjugés, à travers lequel la sélection, constituée pour le moment des joueurs locaux, devrait réussir à se doter d'une nouvelle identité, plutôt que de continuer à se chercher. Ici et là, les idées, les initiatives et les arguments devraient être destinés à restituer à l'identique les images qui peuplent l'évolution du football tunisien, à provoquer un nouvel ordre. La sélection était dans le passé à la recherche d'une nouvelle raison d'être. D'un registre dans lequel elle peut vraiment s'épanouir et libérer son jeu. Surtout que la nouvelle génération de joueurs donne de plus en plus l'impression d'avoir suffisamment de moyens et d'arguments pour avancer et progresser. Elle est ainsi amenée à penser et à exprimer des choses auxquelles elle n'osait même pas songer auparavant. Pour cela, elle devrait se détacher du statut d'équipe ordinaire. Ce qu'elle laissait entrevoir sur un terrain de football ne manquait pas à chaque fois de le rappeler. Elle vivait autre chose et ne donnait pas l'impression de pouvoir élargir ses centres d'intérêt au moment où elle en avait pourtant fortement besoin. D'une épreuve à l'autre, elle devrait aujourd'hui aller encore plus loin. Une manière de se transformer, de s'accomplir à travers de nouveaux objectifs, de nouvelles priorités. Les affiches, les enjeux, le style des matches, tout devrait inviter à la grande métamorphose. Si les systèmes devraient prendre à l'occasion forme, l'accomplissement devrait pour autant monter d'un cran. Le sentiment du devoir accompli se révélera alors trop fort. Mais la vérité du terrain restera toujours la même. C'est le défi des grandes équipes. Celui qui fera les vainqueurs d'aujourd'hui, mais surtout ceux de demain.