Des composantes de la société civile tunisienne ont lancé, hier, à Tunis un débat politique sur les conditions et les moyens pour une transition démocratique réussie. "Au-delà du processus de transition, toujours fragile, une nouvelle page de l'histoire de la Tunisie est en train de s'écrire", a souligné la présidente de la Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh), en guise d'introduction aux travaux d'un séminaire sur la transition démocratique en Tunisie organisé en collaboration avec le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (Remdh). "Nous devons préserver la révolution de toute forme de dérapage et d'instrumentalisation", a insisté le premier ministre du gouvernement provisoire Beji Caïd Essebsi, évoquant "les lignes rouges" qu'il serait "intolérable" de dépasser, dit-il. Il s'agit, en particulier, de la notion de l'Etat, de l'indépendance de la justice, de la liberté d'information, de la garantie des droits de l'homme, du refus de la violence et de la liberté de la femme, dont M. Caïd Essebsi se porte garant "tant que je serai à la tête de ce gouvernement", a-t-il insisté. La transition démocratique doit se faire en tenant compte "du respect des libertés" a précisé, de son côté, Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (Ltdh), qui relève que "les libertés ne peuvent faire l'objet de report. Tout gouvernement qui n'en tient pas compte ne sera pas toléré". "On ne devrait pas se conformer aux modèles préétablis" a soutenu, de son côté, Sihem Ben Sedrine, présidente du Cnlt, dénonçant la persistance "de certains réflexes" de l'ancien régime. "Une feuille de route" pour une transition démocratique sera annoncée cette semaine, a-t-elle précisé. Ces assises, qui se poursuivront jusqu'à demain dans le cadre d'ateliers thématiques, seront axées sur les enjeux d'une transition démocratique "réussie", le pluralisme de l'information et du débat public et le rôle de la société civile. Les prochaines élections, prévues le 24 juillet prochain, ont, à cet égard, polarisé l'attention des différents intervenants au débat. Il est urgent de parachever l'élaboration du code électoral "avant fin mars", a insisté Yadh Ben Achour, président de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, dont la composition "n'est pas encore définitive". Il a précisé que le Premier ministre est prêt à élargir la composition de cette structure à de nouvelles personnalités, partis politiques et composantes de la société civile, qui viendront enrichir le débat concernant différentes questions, dont en particulier le code électoral qui, dit-il, est d'une importance capitale afin d'organiser "des élections transparentes et équitables" de l'Assemblée constituante. "Le processus électoral doit garantir la parité des candidatures", a plaidé, pour sa part, la présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates Sana Ben Achour qui affirme que ce principe «doit être une obligation juridique énoncée dans la nouvelle Constitution».