La Presse — Il semble que l'idée de création d'un syndicat des forces de l'ordre est actuellement à un stade avancé de gestation. Et si c'est le cas, on assistera bientôt à la naissance du premier syndicat des forces de l'ordre dans le monde arabe dont l'exemple sera suivi ailleurs, espérons-le, tout comme le vent de notre révolution. Oui ! On en parle sur un ton optimiste. Pourquoi ? Parce que la création (effective de ce syndicat) est une garantie nécessaire de la part du ministère de l'Intérieur vis-à-vis des citoyens. Il s'agit même d'une carte très importante à jouer dans la mesure où ce syndicat pourrait constituer un déclic pour créer un climat de confiance entre les forces de l'ordre et le citoyen. Car le raisonnement est simple dans la tête du Tunisien : «Un policier syndiqué et qui a une structure pour défendre ses droits et sa dignité sera moins exposé à la corruption et préférera la persuasion au bâton. Il y aura toujours des dépassements, certes, ou des bavures comme partout dans le monde sauf qu'on parlera d'exception, mais pas de règle générale», voilà le discours de la doxa, une doxa qui n'ira pas jusqu'à se demander s'il y a des intérêts particuliers que la création d'un syndicat menacerait, mais que la police évolue aujourd'hui dans un cadre de droit et pas celui de consignes politiques autoritaires. Avec un bon optimisme nous parlons également de ce syndicat parce qu'on croit savoir que le ministre de l'Intérieur, M. Farhat Rajhi, a reçu quelques membres du comité fondateur du syndicat provisoire des forces de l'ordre. Le ministre a demandé à ces représentants d'unifier leurs listes et de louer un local. Deux jours plus tard, une liste (unifiée) de 36 personnes a été déposée chez le ministre de l'Intérieur. On attend encore les suites. On croit savoir aussi qu'un amendement des statuts du ministère de l'Intérieur est en cours, ce qui constitue une innovation qui pourrait faciliter la création de ce syndicat. D'après M. Imed Besrour, membre du comité provisoire du syndicat des forces de l'ordre : «Nous avons formé ce comité pour exprimer notre volonté et notre détermination à créer ce syndicat pour l'honneur de notre corps de métier et pour rétablir la confiance avec le citoyen sans chercher à nous approprier cette structure. Puisque nous invitons tous les agents des forces de l'ordre tous grades confondus à élire les représentants de ce syndicat lors d'un congrès». A notre question, d'où tenez-vous votre légitimité ? Notre interlocuteur a répondu : «Notre légitimité vient d'une demande déposée auprès des autorités de tutelle. Un projet approuvé par notre hiérarchie avec une note parue le 24 janvier sous le numéro 123. Notre légitimité nous vient aussi des principes de la révolution, dont celui de la dignité. Mais cela ne veut pas dire l'anarchie. Car notre corps de métier, même avec la création d'un syndicat, sera toujours bâti sur l'ordre et la discipline».