On va beaucoup vous parler de police cette année ! Pourquoi‑? D'abord parce que c'est un signe de bonne santé démocratique d'une part et d'autre part parce que ce corps de métier est en passe (espérons-le) de subir des mutations importantes pour être au diapason d'une République de droit. Il y a également un long travail à réaliser pour se rapprocher du citoyen et rétablir le rapport de confiance perdu. Une affaire qui demande du temps bien entendu, mais aussi de la bonne volonté de la part des forces de l'ordre. Une bonne volonté qui ne semble pas absente de la part de ces agents et cadres en question dont une grande partie montre une volonté de réconciliation avec un citoyen longtemps réprimé par le régime Ben Ali. Comment a-t-on pu percevoir cette bonne volonté‑? Tout simplement lorsque nous avons été contacté par le comité provisoire du Syndicat des forces de la sécurité intérieure et de la Protection civile, qui nous ont fait parvenir leur communiqué, ainsi que leur souhait de changer l'image ternie de la police pendant et avant la révolution. Des «incidents» qui, selon nos interlocuteurs, seraient dus à des consignes données spécialement pour mettre en conflit les forces de l'ordre et l'opinion publique. Dans ce communiqué, le comité insiste sur sa volonté de faire le projet du syndicat garant de leur dignité et de «préserver cet acquis de certaines tentatives qui visent à le phagocyter et à l'ébranler en vue de nous renvoyer de nouveau dans les anciennes pratiques». Dans ce communiqué qui est le deuxième à paraître après celui du 17/02/2011, on peut lire aussi que ce comité n'est que provisoire, et qu'il attend le soutien de toutes les compétences des forces de l'ordre en attendant la tenue d'un congrès et des élections démocratiques pour former ce syndicat. Rappelons à ce stade que le 31 janvier dernier, on a assisté à une première dans le monde arabe. Une manifestation des agents des forces de l'ordre et de la Protection civile. Une armée d'agents qui descend dans la rue… pour protester contre leurs conditions et réclamer leurs droits à travers la création d'un syndicat. Ce projet a été approuvé par l'autorité de tutelle avec une note parue le 24 janvier sous le numéro 123. A ce jour, le projet de syndicat n'a pas vu une grande évolution. Mais au moment de la rédaction de cet article M. Farhat Rajhi, ministre de l'Intérieur, déclarait sur les ondes de Radio Mosaïque que le projet du syndicat était encore à l'étude. Une structure très importante serait le syndicat dans la Tunisie de l'après-révolution parce qu'elle serait capable de réconcilier le corps des forces de l'ordre avec les citoyens et de garantir le droit à tout le monde. Notre interlocuteur ajoute‑: «Longtemps la police a travaillé avec des consignes téléphoniques sans dossier. Avec cette structure, le citoyen et le policier seront protégés puisqu'on travaillera sur des dossiers juridiques concrets qui garantissent les droits du citoyen. Nous ne voulons plus fonctionner avec des consignes».