Le printemps bat son plein, les journées sont de plus en plus longues et c'est la fête à Kairouan où les manifestations culturelles ont acquis leur titre de noblesse, puisque la société civile aghlabide a organisé du 10 au 14 mars la 17e session du festival du théâtre nouveau. Initié par l'Association du festival du théâtre nouveau et soutenu par le commissariat régional à la culture et à la sauvegarde du patrimoine, ce festival a été ouvert par le délégué de Kairouan-Sud, au complexe culturel Assad Ibn El Fourat décoré de banderolles et d'affiches. Outre l'animation du boulevard de la Culture avec des troupes de Banga, de majorettes et de Issaouia, le public a assisté à une pièce de théâtre de la troupe «Virgule production» de Monastir et intitulée valse. Le texte de Mohamed V Sahbi Ben Hassen est une adaptation du roman L'émigré de Slavomir Morozak. La mise en scène et la scénographie sont de Adelwahed Mabrouk. On a notamment apprécié le pouvoir subjectif de la mise en scène, les effets spéciaux de son et lumière, la scénographie, la maîtrise de la narration psychologique, la musique et la diction des deux comédiens Mohamed Faouzi Labben et Moëz Ben Chaâbane. Entre monologue et dialogue, le texte bien soigné est une autopsie des sentiments de deux émigrés, un intellectuel et un ouvrier, qui passent la nuit du réveillon, dans une triste cave d'un immeuble où ils racontent leurs problèmes et leur solitude, leur ambition démesurée et l'ingratitude qui mènent souvent à l'échec et à la marginalisation. En fait,ils découvrent au fil de leur discussion que chaque être humain a besoin de l'autre pour exister, pour être aimé et compris quel que soit son niveau intellectuel ou social. Grâce à des jeux de mots et à des flash-back, les comédiens ont donné le meilleur d'eux-mêmes et ont plu au public pour qui le jeu théâtral est un moyen d'expression, de culture, de défoulement et de diffusion des bonnes valeurs morales.