Le complexe culturel Assad Ibn El Fourat de Kairouan a organisé, du 20 au 28 novembre, Les nuits du théâtre de la liberté qui ont comporté notamment des spectacles d'animation de rue, des expositions documentaires, ainsi que sept représentations théâtrales, dont deux pour enfants de différentes tendances. Il va sans dire que cette manifestation culturelle a séduit un public assoiffé de divertissement et de culture. Samira Atallah, jeune étudiante, ne tarit pas d'éloges quant à l'importance de ces nuits du théâtre : «Pour nous, jeunes de l'intérieur, le théâtre est libérateur, puisqu'il nous dégage du stress et de la solitude. Durant cette semaine, nous avons vécu des moments inoubliables où nous nous sommes sentis emportés par les gestes et la diction des comédiens, ainsi que par le pouvoir subjectif de la mise en scène, les beaux costumes, le décor et la narration psychologique». Son ami Inès Rebhi, renchérit : «Les nuits du théâtre de la liberté nous ont permis de prendre conscience de la place du 4e Art dans notre vie, de nous apprendre à mieux apprécier le paysage théâtral et de nous donner le goût de choisir les spectacles qu'on apprécie. On ne peut donc que saluer ce genre d'initiatives, moyen d'expression, par conséquent de communication passant par l'art…». Khouya, libre? Notons que parmi les pièces qui ont été très appréciées, figure celle de la société ONS des arts de scène Khouya, libre ?, écrite par Jamel Madani et Mounir Argui et mise en scène par Mounir Argui avec Jamel Madani sur scène. Ainsi, durant une heure quarante minutes, les spectateurs ont été séduits par les effets spéciaux de lumière et de son, la scénographie, la musique, la bonne condition physique de Jamel Madani, complètement habité par son personnage. Pour ce qui est des événements de cette pièce, dont le texte oscille entre prose et littérature, il met en relief les péripéties vécues par un taxiste ordinaire, Noureddine, qui découvre le jour du 14 janvier 2011, une malette contenant une importante somme d'argent, oubliée par un client. C'est alors que commencent pour lui des moments d'euphorie, de rêve, de doute, d'espoir et de crises de jalousie qui obligent sa femme à le quitter. Face aux slogans criés par des milliers de Tunisiens qui se sont soulevés, ce jour-là, contre la répression, il ne sait plus s'il doit garder cette somme d'argent ou la remettre à son propriétaire, lui qui a souvent souffert de la précarité de la vie… Peut-il soudain prendre la grosse tête et s'accrocher sur le Dollar Noureddine Express? Bref, cette pièce est une autopsie des blessures, des intrigues et des rapports humains souvent ambigus. Grâce à des jeux de mots, à des sous-entendus, à de faux semblants ironiques et à des flash-backs, Jamel Madani a donné le meilleur de lui-même et a su communiquer avec le public présent qui a apprécié en lui son côté chic et cool.